lundi 10 décembre 2012

Il faisait froid et j'étais seul

Il faisait froid et j'étais seul
La fine pluie des tristesses d'été
Ruisselait sur mon viage frissonnant
Je cherchais sans savoir, je marchais sans vouloir
Les vents d'un passé figé fouettaient ma peau gelée
Je croyais encore être avec moi, mais je ne savais pas

Il faisait froid et j'étais seul
La nuit de l'ennui m'enfermait dans ses entrailles empoisonnées
Pour un cri de larme, j'appelai qui, j'appelai quoi

J'étais seul... et il faisait froid
Dans cette présence incertaine
Comme dans les vagues lointaines
Des mots d'aventure et des mots d'amertume
Engendraient les passions de ma solitude divine
J'étais comme de trop
Et je n'étais plus rien
Car j'ai si froid quand tu me laisses seul

Le 23 Juillet 1984

samedi 8 décembre 2012

Imaginaire

Dans un château de cartes géantes
J'étais soudain entré
Dans cette citadelle arrogante
Difficile de se repérer
Un as de coeur m'inspira confiance
Je me dirigeai vers lui
Mais des dames je nourrissai méfiance
Qui me faisait souci

Ce monument devint plus sympathique
Je continuai à vagabonder
Des pas en enjambées fantastiques
Pour escalader
Ce château, je le trouvais beau
Et dominant, il paraissait grand
Des élans de joie m'amenèrent au moment
Fierté de l'avoir vaincu
Pas une carte n'avait bougé
Puis je devenais spectateur de l'inconnu

J'étais heureux d'être ici
Comme libre dans mon château
Quand, tout-à-coup, effroyable bruit
Tout s'écroule trop tôt
Je tenais là assis sur mon lit
Surprenant rêve que je venais de faire
Je fus peu à peu envahi de la tristesse de ma vie
Quand j'eus vécu trop bien les extases de mon imaginaire

Le 23 Juillet 1984

Pause

L'espace est immobile dans la pause du soir
Un regard tranquille sur la lumière du noir
Les murs ont bercé mes mouvements, protégeant ma solitude
Ils m'ont offert leur silence pour répondre à mes questions
Les fenêtres aveugles m'ont voilé l'horizon
Et dans ma cage fragile où je cherche des significations
Une image est morte dans ma tête, un jour
Connais-tu le rêve du penseur ?
Il voit ses mots dans le ciel
Et les répétant dans sa tête, boîte de doutes
Des millions de cerveaux agressés n'ont que faire de cette goutte
De pensées
Dans un monde inondé
Mais l'âme reste mystérieuse
Leur tristesse ne touchera jamais le bonheur du poète
La douceur de la caresse paisible repose mon coeur
Je languis de bonheur
L'idéal est encore loin, très loin
Mais peut-être droit devant
Peut-être

Le 1er Janvier 1984

mercredi 5 décembre 2012

Monologue pour une autre

Une note s'évapore de la boîte des rêves
Les rêves colorés d'espérance et d'incertain
La fenêtre contemple les horizons déçus
Le soleil, aujourd'hui, ne m'a pas regardé
Et dans la liberté froide de mon imagination
Dans les océans infinis de mon âme qui s'envole
Dans le vide provocateur qui défie mon esprit
Je tente de trouver les mélodies enchantées de mon idéal consumé
Par les rires hideux de leur indifférence qui me dévore
Par le néant continuel des machines à vivre qui passent là
Mais je suis inoffensif devant les yeux perdus qui s'invitent
Au voyage

Ton voyage est bleu
Tel un coeur libre qui joue avec les hasards de son passage
Dans le tableau en feu de mes passions ennivrantes
Je flotte, gai nuage, avec la brise de printemps
Qui caresse mes folies
Et je vis la métamorphose de l'ennui
En un bouquet magique de miroirs et de soleils heureux
Car tu tiens dans tes mains une volonté puissante
Celle des sirènes des paradis imaginaires
Celle des enfants et celle des fous
Une admiration respectueuse te protège des grands tombeaux
Dans tes pas indécis, je retrouve les secondes de vérité
Qui ont baptisé mes jours froids et mes morts et, chaque nuit
Dans le sourire de ton regard
J'efface les lamentations de ma tête de douleurs

Les joies sont partout autour de mes cadences maladives
Pas besoin du temps pour que battent nos coeurs
Pas besoin du temps pour qu'ensemble jouent les enfants

Le 3 mai 1984

lundi 3 décembre 2012

Mort d'une note de musique

La mort d'une note
Essoufflée dans sa langueur
De sa torpeur
Emporte
Les doux sons de sa beauté
Emerveillée
La chanson du silence ému
Où tout s'éteint
Pour presque rien
Dans cette présence
La musicalité
Nerveuse et chaude
Intense et étonnée
M'a donné un jour
Le courage d'exister

Le 24 février 1984

Lamentations

C'est une ivresse commune
Aux âges inondés
Un poème ignoré
Aux lamentations nocturnes

Les soleils sans étoiles
Les sourires oubliés
Livide réalité
Mon angoisse se dévoile

Entre deux mers, mon bâteau s'est échoué
Entre tes jours, mon âme perdue
Mes souvenirs entremêlés se muent
Dans la souffrance poignante de ta beauté

La vie, l'instant et le passé
Les mots, la nuit et ta présence
Inquiet et errant, j'irai dans ta danse
Retrouver les rythmes de nos doux baisers

Mais le soleil cache l'ombre
C'est une amie qui me l'a dit
Ces mots sont restés inscrits
Dans ma mort où ton âme sombre

Le 14 avril 1984

dimanche 2 décembre 2012

Les soupirs

Le temps indécis se retourne
Sur mes ambitions maladives
L'espoir tourmenté me détourne
Des abandons, angoisses craintives
Un furtif rayon découvre le jour
Luminaires pâlis dans la nuit de silence
Dans les gouffres en cadence
Je fuis peu à peu mon retour
Le retour aux matières
Aux gestes trompeurs et aux colères
Dans l'étrangère réalité
Des vies perdues, fatalité

La danse violent m'emporte
Au-delà des mots et des raisons
Dans cette pièce sans porte
Dans ce souvenir en dérision
Un bouquet de dentelles
Un regard froissé
Dans le sang glacé
S'estompe la chandelle
Sombre amertume
Le soir me parfume
De ses plus grandes couleurs
La douleur dans le bonheur

La journée est ailleurs
Je ne reconnais rien de ce qui m'entoure
Je reviendrai tout à l'heure
Et serais absent pour toujours
Dans ce labyrinthe construit par moi-même
Je chercherai ma trace
Dans ce miroir à deux faces
Je poserai l'emblême
Un symbôle perdu dans les symbôles
Un homme sans rôle
Pour dire que je n'ai pas réussi
Pour dire que je n'ai pas compris

La fleur est bleue colorée
Le ciel est encore profond
L'horizon s'est éloigné
De mon regard trop long
Il reste devant ses mains perdues
Pour se demander ce qu'il fera après
Le présent toujours dépassé
Par la vie que l'ennui a corrompu
Et l'indifférence des coeurs boiteux
Trop grande et c'est affreux
Ils se donnèrent la main tant de fois
Une lourde mort au fond de moi

Des gens entrent dans nos vies
Des espoirs subliment nos coeurs
Mais tout au fond de nos folies
Un enfant seul pleure
Les principes resteront ridicules
Et je meurs dans leur puissance
Leur vérité n'a pas de sens
Au lieu de tomber, je recule
Devant la franchise, devant la sagesse
Devant la bêtise et devant la détresse
La passion s'enrobe d'amour
Je ne suis d'aucun secours

Ô Déesse des enfers passionnés
L'ange se moque de ma maladresse
Que tes fantasmes soient exhausés
Dans la sueur de mes ivresses
L'imagination donne les visages d'enfants
Et les larmes du nouveau né
Devant mon mur accablé
J'ai contemplé ce furtif moment
Où les sons et les couleurs
se mélaient dans leur stupeur
Où la peur et le désir
Se tiraillaient dans le plaisir

Dans ce couloir silencieux
S'est évadée ma jeunesse
Dans ce dessin mélodieux
S'est réfugiée ma tristesse
Les voluptés naissantes
Ont troublé mon destin
Dans cet autre chemin
Des lignes pensantes
Le profil du mystère m'a ébloui
Dans les odeurs nâcrées évanouies
Je prononce encore le mot du mensonge
Les remords et les angoisses me rongent

Il faudra vagabonder
Dans les temps séduisants
Les promesses de liberté
Parcourent les ans
Je rencontre l'ivresse de l'espace
Aveugle et immobile dans la nuit
Parmi les notes arrondies
Les futurs conquis me prélassent
Sur cette lettre, sur ce message
L'intense question que je désire
L'intense mort dans ce soupir

Le 2 mai 1984

samedi 1 décembre 2012

Envolée

Dans les paysages ensoleillés de l'horizon de ton corps
La trace sensuelle de la beauté
Dans la profonde forêt, des sublimes vallées
La forme charnelle de tes muettes lignes

Mais les cris et les sons mystiques de la peau qui s'égare
Ont remplacé pour toujours les pâleurs du regard
Les doigts crispés de sueurs désirées
Le coeur tendu dressant ses mâles voluptés
Et l'atmosphère s'excitant de ces puissantes secondes
Où les êtres dans la hargne du désir se fondent
Laissant mourir les extases éblouies dans le sein de leur lyre
Pour n'être plus qu'un monde de vibrations et de désirs
Ils s'oublient dans cette éphémère éternité
Dans les quais des plaisirs, ils délaissent la vie
S'arrachant tour à tour les caresses d'envie
Dans la mort paradisiaque, le couple ennivré
L'organique torture les fixant pour toujours
Dans les feux purificateurs des flammes de l'amour

Le ventre se creuse de mille convulsions
Où l'infini bonheur respire l'infinie sensation
Les courbes enchantées se dessinent langoureusement
Dans ces spasmes diaboliques des soupirs de l'amant

Les étoiles divines de ces cieux émerveillés
Se tendent amoureusement pour crier leurs désirs
Dans les caresses brûlantes, les passions en délire
Déchargent violemment les graines sacrées des folles voluptés

Aussi, brillent puissamment les rivières de l'amour
Qui feront les océans des plus beaux de nos jours

Aussi, flamboie courageusement la dague du désir
L'arme des passions de la vie qui encore me déchire

Mais je veux mourir d'amour et non mourir du temps
Car le coeur est éternel dans ces vastes monuments

Le 9 décembre 1984

Création

Tu ne connais pas la mort, mais tu as vu ta naissance
D'un Dieu de l'éternel, tu n'es donc point l'essence
Ton immortalité n'est pas éternité
Ainsi, tu es demi-Dieu car dans ton commencement
Tu as un jour dans l'aube des temps surgit du néant
Dieu qui jamais ne finira, n'a jamais commencé
Dans son existence sans durée, Il est
Une larme de pureté dans les convulsions cruelles
De l'interte matière, de ce froid univers
Ont surgit des pleurs de l'inconscience éternelle
Pour donner à l'existence l'intelligence de son calvaire
Création sublime de l'ignorance des choses physiques
Des molécules fatales est née la pensée en liberté
Du destin de la nature, de la providence des instincts
Le vide a engendré l'angoisse, la peur, l'humain
De l'éternel équilibre est né un temps, une durée
L'automatique mécanisme des lois a engendré la vie historique
De la nature est sorti l'homme mais nature il n'est plus
Il est le lieu d'un vertige dans la rencontre fatidique
D'un temps passé dans le souvenir et d'un temps imprévu
Où le présent sans jamais se fixer comme une ligne mélodique
Ne peut qu'exister que si durée s'écoule, futur devenant passé
Toujours en équilibre, l'homme est ainsi consumé
Alors que les générations changent, la question demeure
Alors que les siècles évoluent, il reste la même peur
Dans les arts d'hier et dans les arts de demain
Peintres et poètes, acteurs et musiciens
Dans leur quête incessante du changement et de la différence
Répéterons toujours l'évidente illusion et l'éternelle apparence
Les notes tristes et belles des poésies droguées
Les couleurs suaves et chaudes de nos musiques sacrées
Et les mots majeurs du chant des comédies
Fixent à jamais notre éphémère vie
Cette immortalité de l'art est elle aussi condamnée
Par l'insolente ivresse de nos fatalités
Il n'y a que le néant qui puisse se passer du temps
L'art est histoire, et l'histoire mène à la fin sûrement

Le 27 décembre 1984