dimanche 31 mai 2015

RUPTURE NOUVELLE

Les temps nous dévorent et les souvenirs nous enlassent dans des sensations meurtries qui s'envolent vers l'espérance dans les chants reconquis. Aux alysées de l'automne, ou vers le royaume de l'ombre, les larmes abondent mille par mille dans ces pommettes rondes, qui ont taillé les rides de tant d'amour et de tant de beauté. Mais parmi ces millions de solitude, chaque âme en aveugle promenade défile dans un étrange cortège aux limites des décisions intenses. La routine indélicate nous surprend, indifférence journalière, construisant un voile creux d'insensibilité éternelle. Face au clan des hypocrites, face à leur arrogance masquée, je m'élance dans le vide, images de sang et de mortalités, face aux regards aveugles, aux coeurs superficiels, aux intelligences transparentes, face aux préhistoriques pensées, je tourne ma vie. L'arrière me pousse vers la vision d'une étrange vérité. Appel aux sons et des choeurs, d'une mémoire insondable resurgissent des chants immoraux, des fables subversivement lumineuses, en symphonies déclinantes et délicieuses, j'offre aux joies de la pensée, la sérénité et l'amour sans faille s'engouffrant dans l'entraille des grands siècles déclinants. Où j'arrive à une époque qui disparaît, ou me trompant de race et de monde, j'oublie les Dieux et je vous reconnais. Perpignan

samedi 30 mai 2015

ATTENTE

L'instant solennel d'une attente émue, au risque d'une déception morbide, au flanc d'une vaste vide, tiraille nos âmes éperdues, scintille chaque seconde retenue pour croire encore à la lumière. Mais le présent déjà devient hier, passé fébrile intensément vécu. Bien-sûr les mots n'ont pas les sens de paradoxes enivrants de ton émotion, comme si tu caches la coupable illusion de souffrir si fort de mon absence. Inconscience, horizon cassé, le lointain couché devant le destin qui, s'arrêtant, s'interroge rétrospectivement. La nécessité providentielle semble tout et tout décider. Or demain n'existe pas si ce n'est dans les hasards nocturnes du passé qui s'endort. Hasard comme le maître mot d'une fatalité meurtrie dans la liberté de nos vies. Le pas est immense et la symphonie foudroyante se meurt et se transforme dans la conscience de l'impossible. Perpignan

vendredi 29 mai 2015

POURSUITES PUERILES

Poursuites puériles, une fuite inutile, seconde vibrante, une onde souriante. A l'écume endormie vont les vagues sans fin, courses et voyages bénissent leur dérisoire jeunesse, avant le grand repos, un sourire d'allégresse, complainte fortunée et mots démesurés. Un à un tombent les songes regrettés, dans l'agonie d'une larme d'amour. J'ai l'espoir en d'autres jours, pour un besoin d'aventure et de changement, je meurs dans la torture de ne plus vivre comme avant, pour un besoin de réconfort et de stabilité, j'éprouve si puissamment l'envie de te retrouver. Stabilité et changement font la contradiction qui conduit notre essai de vie et nos excès de passions. L'Ode musicale flambloie au creux de ma passion, écoutant ce divin calice sucré de l'harmonie. Un véritable délice surgit de cette mélodie et m'emporte dans des vides intensément bons. Je souris au miroir de ma pensée, découvrant ça et là les débris de mes rêves. Je m'imagine une mort insensée comme un dernier mot que la poésie achève. Un rythme décousu où plus rien ne se tient, des vers rongés par l'absence d'illusions. Les hauts de la colline dessinent un horizon, comme un rempart des Dieux devant la peur du rien. Mots, j'interroge votre présence, votre résonance, des sens, vous transportez, vous renfermez. Des sons, bruits prétentieux, marques à nos yeux. Ainsi va la folle primitive et inconnue, de l'homme harcelé par sa propre vertu. Aix-en-Provence, le 27 décembre 1984

DANS CES CHANTS EGARES

Souvenez-vous des prophètes assassinés par les temps d'ignorance. Il est revenu, ressuscité, par les temps de notre inconscience où se dévoile une lumière catalysée dans le faisceau noir, où tous les feux s'accompagnent des vents infinis de la peur. La méchanceté machinale frissonne par les haineux quotidiens et le sourire ne peut librement grandir et s'épanouir. Souvenez-vous des fous ridicules que vous avez condamnés, perdus, déchirés et incompris. La brise est timide mais le ciel parle quand-même. Dans le soir, la chanson danse au souffle de la force. L'étoile est triste mais restera radieuse, pour l'éternité de cette pensée qui se dérobe de plaisir. Et, caressant mes mains, effleure le lointain poème. Souvenez-vous des solitudes amères que vous avez perpétuées, dans des murs barbelés et des dantesques prisons. Un instant se repose la muse du silence pieux. Une larme flamboyante mûrit dans le corps de nos coeurs, tournant dans le sens indéfini pour la découverte. Elle réchauffe les entrailles décoiffées. Une lune s'efface dans les cernes dorées. Je reviendrais conquérir tous ces corps inanimés et les forêts monstrueuses, et la tempête douce. Je me souviens mais j'ai oublié. Un chant égaré dans le cri des langueurs écoute le vent sonner. Les senteurs déclinant dans ces profondeurs dessinent une horloge cassée. J'attends mon départ et mon arrivée au port des coeurs inquiets, au quai des oubliés. Tu rêvais dans une transparence infidèle, dans le coin de tes passagères furies et dans le masque des mille illusions. Tu vivais dans une danse charnelle, inhibée de la nostalgie du futur désenchanté où j'ai pensé tous mes âges, où j'ai abandonné tous mes pas. Aujourd'hui, je retrouve des sourires illuminés dans des messages figés. Les siècles se retournent dans les têtes inconscientes, et les soleils s'effondrent encore devant les rêves aveugles. J'ai voulu absorber tous les charmes et ravir ces nocturnes constellations. Mais, elles resteront des paroles maudites. J'ai voulu apprivoiser ces images détruites, mais, s'échappant lentement, la joie absente nous donne l'air d'une tour d'argile qui s'écroule. Dans les rides sauvages, les crispations se mêlent aux traits des aurores passées. Les extases deviendront rares pour qui ne sait pas mourir. Les temps ont bricolé de sordides rôles. Le désir est grand de vivre comme un poème, s'éternisant dans des milliers de coeurs en quête des ambitions voilées dans ces chants égarés. Aix-en-Provence, le 18 juillet 1984

jeudi 28 mai 2015

LA TOMBE OUVERTE

La tombe s'est encore ouverte, laissant s'évaporer les noires parfums, dans la sombre prairie de nos lendemains. La tombe s'est encore ouverte et les jours tressaillant devant les heures incomprises, incomprises, sans avenir, sans surprise. Les mélodies et les mille chants ont soufflé les gloires perdues. Le ciel enfermé, le sourire corrompu soulignent d'un tiraillement d'ailes les vertes cascades et les citadelles, dont les peuples anciens ont construit le donjon, et la muraille, et le bastion, dans ce coeur infernal. Aujourd'hui les ruines nous regardent sans passion, mais dans le relief un souvenir et dans ces magiques sentiers, mes mémoires enterrées. Pourrais-je un jour revenir au premier pas de ma randonnée ? Sans perdre dans l'allongement le désir de continuer à étendre mon regard sur les regards, sur les incertitudes et les hasards. Mais tu te courbes au vent de ma folie, puis tu me serres dans le profond de ton rêve, dans des entrailles divines, les traits de ta beauté infinie, le charme intérieur de ton voyage spontané qui s'écoule, qui s'écoule dans le sang de ma sève. Les enfants du passé, les enfants du pèlerinage ont écrit sur les murs de la forêt cassée "défense de mourir pour les coeurs éternels". Jamais le rouge mouvement de l'ingrate danse, infamie, les mots de nos faiblesses sans souci trahissent tous nos tourments. Dans les notes inlassables s'étirent ma joie sans laquelle le poids des questions et la grandeur de l'incompréhension auraient déjà brisé toute ma foi. Tes mains sont douces dans la douleur des oiseaux, dans l'odeur effacée se trémousse le scintillement épais et chaud, de tout ce qui se passe au fond de ma boîte à penser, m'échappant, me transportant doucement de ma vie à la tienne. J'ai envie de danser. Encore une nuit interminable avant que le désir meurt de sa solitude, avant que se referme la tombe du néant, dans la couleur, tu es fine et j'aime à regarder la vague de tes mouvements, dans les noirs parfums, avant que se referme enfin la tombe du ciel. Aix-en-Provence, le 24 juillet 1984

mercredi 27 mai 2015

CHOISIR ?

Etre, paraître, vivre, survivre. Rien n'écrire serait encore la meilleure chose, pour oublier ce qui fait nos illusions et nos mensonges. Croire, mentir, abandonner, espérer, l'alternative n'en est pas une, le choix n'existe jamais, existence téléguidée, conscience programmée, d'où te vient ton nom ? Le chemin est déjà tout indiqué, liberté illusoire et les secondes s'effondrent avant de les anéantir. Il y a tout cela autour de moi, angoisse inutile et banale de la vie encadrée, conditionnée et je ne peux m'en passer. La vie est longue pour les âmes tristes, et trop courte malgré tout, mais la foule s'en moque, ils ont raison, la considération s'achète, consommant nos larmes de vie, on oublie l'essentiel, la vérité, dérision qui s'efface dans une autre conception, une vision personnelle et déchirée, chacun vit sa propre vérité mais aucune ne peut s'imposer car seule la foi en un sentiment sincère est véritable, le reste, préjugé arbitraire et injustifié. Mais l'espoir est douloureux car le jeu est faussé. Ma mémoire souffle en enfer, le feu dans mes souvenirs et les heures du passé sont le malheur de ma conscience, oublier d'exister ? Impossible de l'imaginer, l'enfant pleurant de voir enfin le soleil a réchauffé le coeur de sa mère, mais il souffrira de la voir vieillir. Elle déchirera son coeur de le voir grandir. La nature aussi belle soit-elle n'a pas de coeur ni de regrets, matières fertiles comme mes sentiments, éphémères pulsions d'une larme qui s'évade, nuit du soupir. Il ne faut rien dire car le secret va disparaître dans l'abîme de mon coeur. Il faudrait réécrire les livres des anciens, un mot simple dans un style naïf, essaies de me comprendre, toujours de me surprendre, la sagesse dans ta tête et la folie dans ton corps, c'est la force de ton esprit. L'enfant naîtra bientôt, l'infernale affabulation ne quitte pas mes angoisses mystiques. Décidément, il n'y a pas de solutions... Aix-en-Provence, le 7 avril 1981

LA QUETE

Baissant les bras, seul, sur le chemin des étoiles, il avait presque compris d'où venaient ses paroles. Mais l'essentielle interrogation est toujours dans sa tête. Les poussières sont mystérieuses pour cette molécule de passions. Dans le chaos du temps fatal, l'errance a dépassé le sens. Il n'existe aucun but et il nous est vital de l'inventer. La quête devient de plus en plus totale. Le premier hasard est difficile et la responsabilité du message est courageuse. Dieu est l'instant infini de l'espace éternel, et dans un recoin de cette inexistence, il y a des regards éblouis qui posent la question de la mort. Leur conscience n'est due qu'à cette finitude car la possibilité d'être jouit de celle de ne plus être. Et les regards émus du coeur souffrent de ce froid mécanisme de la nature grandiose. Alors les âmes vont pleurer dans les tombes fanées, dans les mémoires usées où beauté et désillusion s'étouffent dans leur passage. C'est ainsi qu'il baissa les bras. Une fois, la volonté s'est dissipée dans la brume épaisse de la peur. Chaque matin, l'éventuelle fin observe et l'usure reste imposante, mais le bonheur n'est pas un rôle d'angoisse. Souviens-toi du temps étrange où je n'étais pas né. Je n'avais crainte de rien, c'était comme un lien à l'inoublié qui me retenait. Je ne faisais pas souffrir ma mère, je n'avais pas le mal du temps. La quête a pourtant commencé. J'étais l'âme éphémère des instants inconscients. Mais dès le premier cri, les yeux cherchent et se déclenche le chronomètre. C'est tout de suite et déjà le début d'une fin alors que le délai n'est pas justifié, délai du temps imparfait. Le regard frappé par le jugement dernier, il pleure déjà. Pourtant, il est certain de ne rien savoir. La vision est si forte pour un esprit puéril mais son histoire n'est pas vaine. Il fallait assumer les lendemains inquiets des bonheurs flétris. Une fausse image. Il y a tant de fausses images. Une continuité trop réelle de mensonges qui nous assomment, imaginaire déchu, comme tout se répète. La réalité fabriquée est lourde de son ignorance alors que l'absence a frappé les nerfs du mépris. La quête n'est pas finie car tu n'oublieras rien. La présence principale de ton angoisse devient la source de ta chance. Comme responsable d'un soleil heureux dans ton ciel de fraîcheur, l'arbre de vie a des racines profondes. Mais le jour est proche où l'on regrettera les conforts opulents de nos vies barricadées. Mais le futur a toujours fait peur et le présent est tortueux. Un noeud coulant étranglera nos ambitions, insupportable défi des fatalistes. La minute meurt dans un souvenir écoulé qui m'invite à te rappeler, et tu me reviendras. La vie des hommes efface les heures, l'oubli enfouit l'immonde mémoire. Mais je ne voudrais pas perdre la caresse de tes mots et le souffle de ton désir, tu es si gentille. Innocence fragile des lendemains atrophiés. Un paradis va s'effondrer sous nos pas insolents, le gouffre est visible mais qui oserait reculer devant l'incertitude ? L'espace est grand, le vide arrogant mais ils s'étranglent dans leur cupidité. Je ne comprends pas leur désir de mort, désir de tuer. Mais la quête est ignorante. Repos d'une réflexion étrange. L'espace est immobile dans la pause du soir, les murs ont bercé mes mouvements et protégé ma solitude. Ils m'ont offert leur silence précieux pour écouter mes questions, et les fenêtres aveugles m'ont voilé l'horizon. Dans ma cage fragile où je cherche tant de sens, une image s'est figée dans ma tête, un jour. Connais-tu le rêve du penseur ? Il voit ses mots dans le ciel. Perpignan

mardi 26 mai 2015

DERAISON

A l'aube des sentinelles égarées, un à un les plaisirs envolés, depuis la haine des grands gardiens, l'usure blanche en son sein, comme une folie sensuelle, myriades d'étincelles, par les oublis sacrés où meurent nos sentiments, par l'idyllique fossé creusant le firmament, je jette un autre regard, déclenchant mille hasards, et dans l'ultime requête que j'adresse à l'indifférence, et dans le dernier pardon que j'implore en silence, une fenêtre violée, un rideau déchiré, le vide absolument grotesque d'un passé qui s'ignore, farandole burlesque irréversible dévore. L'homme est la cruelle frontière vivante et consciente, entre une souvenir qui le creuse et un espoir qu'il s'invente. Il connait l'amertume de penser, mais il en fait une puissance de rêves, dans le moindre repli de ses fuyantes années, il trouve un univers qui s'achève. J'invoque les douceurs de nos histoires anciennes, pour un bref éclair, t'imaginer mienne. Aussi les étoiles ressurgissent par milliers dans le néant. Un homme a toute une vie pour, seul, les compter tristement. Perpignan

LES CONTEMPLATIONS

Et contemple dans son rêve les violences avides, la nuit capture en moi les compassions blessées, dans ce ventre distendu, les tourmentes isolées, trouvent le refuge sombre des appétits maudits, que l'humanité dans sa gêne rejette en pudeur, sous les masques quotidiens, les haines en chaleur se dévoilent dans mon âme en un festin de vie, furieuses déchirures en mon sein éclaté. Mon sang devenu bleu se dilue dans les brumes, en dessinant malignes les mortelles nuées qui brouillent ma conscience dans une longue écume. Les formes délicates récitent un opéra dans des incantations silencieuses et chaque mouvement dans les fibres harmonieuses caressent dans l'insouciance mon regard béat. Mon souffle intérieur est ma force vitale qui nourrit ma passion dans mes craintes cachées et j'admire à jamais ces féminines destinées et ces cris de victoire célébrant vos spirales. Souriant aux myriades complices, ils évoquent avec force et éloquence, la grandeur des futiles apparences et leurs discours mêlent tant de malices, que leurs efforts pour comprendre les formes incongrues et éphémères du réel moqueur qui chante le mystère, nous contraint-il à apprendre la devise suivante que seule poésie, création pure et sereine de l'imaginaire, porte en elle comme un inventaire, les clés de la raison, les forces de l'esprit, aussi brillant soit-il, lorsque proclamant la vérité, alors qu'il découpe la réalité, s'emprisonnant dans une presqu'île, l'homme de raison s'effraie de ne plus rien prévoir, sait-il tout juste voir ce qui brille dans la clarté de l'inspiration des hommes libérés. Les courants trompeurs grandissent assurément et les moeurs cyniques s'imposent à chaque jour. Les hommes tranquilles proclament impunément leur force et leur sagesse non leur manque d'amour. Mais quelle est cette sagesse qui pour seule valeur provoque les détresses et, riant de la vie, s'occupe toujours plus de préparer le nid dans lequel les hommes multiplient le malheur. Perpignan

lundi 25 mai 2015

SPIRALES

Caressant la flamme délicate, interdisent à nos yeux, d'oublier la vision, Madame, votre agilité, à nous déconcerter, dépasse les chagrins et appellent toutes nos fougues, car devant les incompris, et entre les ignorants demeurent chaque fois les plages silencieuses où l'art est interdit, et la pensée peureuse. Madame, expliquez notre transe, et la merveille démesure qui dans l'angoissante danse composent la brisure, demeurons fidèles dans les lieux de la source où pour elle et puis pour elle, j'ai vécu chaque larme de ma foudre et de ma cendre, demeurons dans nos vies, aux aubes du firmament, le meilleur alibi et le plus beau des amants. Et l'onde impossible fouette vos généreuses spirales, mes coupables pensées scrutent les lieux inconnus. La complainte solitaire accompagne mon élan infernal, dans ces visions barbares, dans ces sordides rues, l'étrange baladeur rencontre les coins vides. Perpignan

PENSEES FRAGILES

La pensée est si fragile au son des fébriles émotions, elle est comme perdue entre un chaos rationnel et une raison aliénée. Elle est comme hésitante entre un chemin juste et clairvoyant et une brume tumultueuse aux morales hasardeuses. La pensée est si fragile au son des rêves colorés, les désirs passionnés et les consciences éduquées se disputent la porte de la décision triomphante. Dans le souvenir intérieur et le futur exploré, scrutant ce soir les limites et les réalités, mon âme se confond dans une grise solitude. La pensée est si fragile au son des royaumes inventés où chaque être existe aux ordres de l'esprit, délivrant la sentence du droit à l'essentiel. Le Dieu reconnaissant ses édifices maudits où les hommes se cachent pour dérober les âmes au paradis innocent. J'ai eu tort de toucher aux secrets du présent. La pensée, si fragile au bruit des émotions, est comme perdue entre un chaos fatal et une raison bornée. Elle est comme hésitante entre un chemin juste et clairvoyant et un marais tumultueux aux morales incertaines. La pensée si fragile au son des rêves épiques bouscule les désirs et les consciences éduquées, se disputant la porte du triomphe rassurant dans les souvenirs intérieurs et les futurs explorés. Mon corps se confond dans une grise solitude et scrute en cette soirée la fragile pensée. Perpignan

dimanche 24 mai 2015

VOILES

La brume est comme voile et douce promenade, tes formes floues et fragiles au regard ébloui, rythment au pas de ton souffle la longue sérénade, qui berce le silence des cieux évanouis. Mon pas m'emmène loin si loin que le passé, présent insignifiant des temps anachroniques, dans les yeux écartés et bleu mélancolique, déchirent nostalgique l'enfance désiré. Les soirs arrivent seuls, fatigués indolents, aux heures impromptues dérangent les cigales, et le jour attendant les matins du levant, se compte à l'infini du temps qui se décale. Battements et pulsions commandent le passage, des flèches sans retour, des passants sans escale, sur le compte anonyme d'un vaste carnaval, où déclament dans l'oubli le masque et le visage. Aux environs nocturnes baladent les collines, des horizons en brumes et matinées câlines, des promesses sordides peuplent les forêts denses, de messages incompris en paroles oubliées, lentement mon éveil un peu décoloré, raconte notre rêve dans un brouillard intense. Les soupirs envolés, les paupières en flemme, composent les étoiles d'une douce bohème, dans une trahison à peine ensevelie, par une nuit lointaine déjà hors de ma vie. Aux manèges des songes, les mondes enfantins, les horizons en larmes et matinées câlines, les horizons en larmes et mâtinées câlines. Perpignan

DE L'HISTOIRE ACCOMPLIE

Habitué dans la brume à attendre la lumière, je cours et je m'enfuis au foyer silencieux, sur les portes de l'amour, sur les murs de l'ennui, sur le fleuve allongé repose les langueurs, et devant le pinacle du sommeil, comme une invitation en peintures abstraites, elle sombre et respire la religieuse devanture. La gloire et le passé d'un geste dévorant, lorsque souvent le jour éblouit l'inutile, lyrique archaïsme aux fresques impensables, les paroles s'assemblaient dans un royale bruit. Le venin afflue dans les sables de la malaria, les marais stagnent au sommet du levant. Si les heures se suivent, les souvenirs s'entre-choquent aux coins des nostalgies. Le vent des esprits appelle les horizons. Dans le repos et dans les sommeils, le liquide récit des notes et des envolées sonneraient le moment de l'innocence. L'espace accueille aujourd'hui toutes choses, que clament nos avenirs, dans l'absurde et dans l'étonnement et l'on s'étonne encore, en approuvant les futiles choses et en fuyant les chocs futurs qui, avec arrogance, nous contredisent toujours. Comme est sanguinolent le fluide qui arrose le coeur, le fléau, le poison, le démon de l'erreur, le sentiment de culpabilité, de ne pas ressentir la perfection, l'idée même. Comme est cruelle la peur de perdre le temps, de le perdre à penser à cette peur. Cercle fatal où s'enfoncent mes sommeils, et les yeux se couchent sur le départ lointain. Mais la course engagée n'épargne aucune pause, sans aller dans l'histoire, je vais mourir au présent, et les traces et les masques de nos idées reposent dans l'oubli, en paix. Comme si progressivement une lumière cherchait à paraître ou à naître dans le but de me sauver en m'indiquant une voie, étroite assurément, mais enfouie dans des promesses agréables, dont les nobles scintillements traduisent les destins exemplaires. Comme ces images me hantent, et m'appellent à respecter les beautés naturelles et spontanées de cette femme que j'aime depuis tant de jours, et comme est difficile de mériter l'amour d'un esprit clairvoyant et d'un corps si doué. J'apprends chaque jour cependant à découvrir mes craintes, à comprendre ma raison, et m'étonnant de ma solitude pudique autant que de notre folle passion, j'aurai à mourir chaque fois que, seul avec une autre, j'aurai cru pouvoir te remplacer. Ces tirades cachées au creux de la faiblesse de l'être blessé par les mondes désabusés, dans la cruelle et sordide orgie des banalités mondaines, quand des êtres vivants jettent leur conscience dans un recoin banni de leur enfance oublié. Mes peurs surgissent encore quand je me vois envahis par des rites et des manies qui prennent au ventre le moindre des gens simples pour en faire une poupée mécanique, un sourd mécanisme aux pulsions endormies. Si les mots sont encore là pour défendre l'isolement qui étrangle celui qui, noyé dans la ville, ne se reconnait pas dans leurs soucis conformes, si mes mots me supportent, alors ils me transportent aussi auprès de tes regards. Perpignan

JE PENSE A TOI

Aurore. Les matins abandonnés s'éveillent doucement, au grand large des plaines encore endormies. L'astre rouge fuit dans son habit béant, les caresses incestueuses de l'automne indécis. Dans la quiétude frissonnante des rosées matinales, je vagabonde seul par les sentiers ignorés. L'air y est doux mais mon instinct trop machinal, ne parvient pas cette sensation à adorer. La chaleur des naissances des premières lueurs, du jour des humains avant qu'ils ne se réveillent. Les sons et les odeurs comme venus d'ailleurs, descendent puissamment des cieux en sommeil. Cadence. J'ai déposé le secret de mon enfance, dans des mémoires enfumées, dans des souvenirs découpés, par les temps de ma démence. Dans mes mémoires enfumées, j'ai découvert des visions bleues, par les rires de mes yeux, dans des souvenirs découpés. Perpignan

LES LIEUX BENIS

J'aimerai concevoir un état infini où issue et commencement se disputeraient, en ces lieux bénis, la même seconde. Où je meurs d'anéantissement, abruti de modernité envahissante, d'une durée sans but, de moyens sans fin, connaissance sans essence, accroché aux promesses matérielles, dans une confortable béatitude. Mais derrière les sens évidents se torturent les illusions et les gestes profonds, dans mille mains tendues postule la peur. L'événement se profile jusqu'à la minute dramatique où je puis dire que je suis vivant. Les âmes en faillite préparent le festin luxueux de notre proche déclinaison, aux oracles suspendus. Dès lors, les secondes s'emboîtent dans le soupir. Le frisson des sens interdits dans l'extravagance, les silences endormis et les principes éclairés ont tissé une brume de symboles. Mais le malheur est là, les bonnes consciences hésitent encore. Ma phrase se tourne dans une blanche ironie comme un accord mauve dans un triolet fugace. Les astres répondent aux trêves languissantes qui parsèment les destinées indifférentes. Perpignan

samedi 23 mai 2015

AU JOUR DE NOS PENSEES

J'offre aux jours de nos pensées la sérénité et l'amour sans faille qui s'engouffre aux entrailles des siècles en décadence, où je m'éveille à une époque évanescente, me trompant sûrement de planète, je vous retrouve et vous reconnais. Sous un paysage de désespoir acharné, où s'éveillent en chaque temps les pulsions, de trompeuses idées, de grandioses nausées, arrivent solennellement en brillantes fusions. Où se meurent les secrets ? Ces strophes impensables me rendent coupable d'une inspiration dénudée et quel style détrône ainsi l'imaginaire ? Quelle syntaxe diabolique pour quelle grammaire ? Funeste poème... J'aime les notes du devenir et les accords du passé qui délivrent mes soupirs en mélodieux regrets. En habitant les esprits solitaires, poursuivant sans repos cette course à l'envers, j'ai envie de contempler comme au sommet d'un rêve l'amour de mes amours, demoiselle enchantée, l'espérance d'une oeuvre à bâtir commence. Si grandeurs et métamorphoses nous permettent en toutes choses évolution et vie, je souris... Perpignan

vendredi 22 mai 2015

INCONSCIENCE

Attentif est le silence qui traverse ces paroles fragiles, entre la pensée furtive et l'angoisse permanente. Un balancement sourd dans une cadence magique, et c'est le cycle, la forme de ce qui n'a pas de forme, la pulsion fondamentale d'un regard obscur et lointain. La solitude est la vérité première de toute connaissance et la peur est le sentiment fondateur de toute espérance. Je vous dérange parce que je suis différent mais vous me dérangez parce que vous êtes tous pareils. Dans l'humble progression des cerveaux mécaniques, la goutte, larme de coeur, évapore la raison. Encore une conquête plus pressante qui fait reculer les frontières de ma disparition. Mais le néant reste l'aboutissement de tout. Et comme une illusion fatale, je renverse l'équation de l'universel contingent. Mais ce n'est qu'une seconde qui m'appartient, déjà éteinte et à peine ressentie. La mécanique céleste de l'oubli divin reprendra le dessus. Vainqueur de l'âme, la matière creuse l'idéal jugement pour le rendre transparent, futile et inerte. La moquerie investit mon entourage démoniaque, chacun étant le démon pour autrui. La solitude est l'élément de toute société et la liberté s'efface devant la domination des vestiges de structures envahissantes. Le mot fait le temps, la page se déroule en minutant mon rêve, cristal intense où se meurt un futur inscrit dans des lignes qui ne savent rien dire. Au-dessus des dernières zones de lumière, la vérité sombre du vivant qui passe. La pensée est une folle musique, autant aberrante qu'inquiétante. La conscience est un crime car la mort est son but, elle est un suicide car ce but reste un mensonge... Horizon cassé, le lointain est couché devant le destin qui s'arrête et s'interroge. Rétrospectivement, la nécessité providentielle semble tout et tout décider. Perpignan

CAUCHEMAR

Par ces plaintes et ces vallées, mon âme emportée... Chaque fois que le jour meurt au soir de ma solitude, ma conscience m'abandonne aux mains des insomnies, et mes pensées divaguent dans de mystiques folies, les cauchemars à mes nuits sont un rituel prélude. Pas un crépuscule où la sérénité s'empare de moi, je me ronge d'éternel doute qui mine mon espoir, les couleurs de mes rêves sont pareilles au noir, qui compresse ce silence mortel mon unique loi. J'attends le maudissant le lendemain de mon réveil, qui me délivrera sans doute de la prison des nuits, qui encercle cette chambre où sombre toute vie, et je meurs d'images cassées dans ce vain sommeil. Mais la trêve ne vient pas et je compte ces enfers, mon imagination barbare s'amuse de ma souffrance,inventant tant de visions sournoises dans sa démence, et le lit de mon esprit est une immense guerre. Où chaque bataille qui dure est un cruel sanglot, un vaste remord qui s'étend dans ces lieux de l'exil, enfermé dans mon âme comme prisonnier de mon île, qui resurgit aux heures nocturnes de mon trouble repos. Les belles heures de mes jours se transforment ainsi, avant l'aurore éclatante qui me sauve de ma peur, le cauchemar alors disparaît dans ces nouvelles heures, mais avant de revivre recommencera la nuit. Dans un environnement de murmures circulaires, et de bruissements multicolores, où l'instant d'hier dévore l'instant présent, que j'écoute. Perpignan

IMPRESSION

J'invoque les douceurs de nos histoires anciennes, pour un bref éclair t'imaginer mienne, Aussi les étoiles ressurgissent par milliers dans le néant, un homme a toute une vie pour, seul, les compter tristement. Verdure, le chemin coule vers demain, un autre souvenir va venir, aux accents d'amertume du linceul éclatant, et le bruissement des pas incertains cristallise harmonieusement les naissances inquiètes des aurores fatales. Un frissonnant remord dure dans les âges enfouis au fond de l'avenir. Soudain arrive le présent dilemme. Je ne crois pas aux normes de ce chantage où la fille des fous de perd, hurlant son silence, mémoire décapitée, sans cesse orientée dans de troubles horizons, sans autre raison que la mort de nos rêves. L'autre illusion berce un doute arrogant où, larmes après larmes, le soupir bleu de ma peur imagine en visions diaboliques le début du néant. Mais le soleil continue sa brillance étoilée aux cadences de l'espoir des peuples. Passion, question, une seule raison domine les cultures. Tyrannique cheminement où la liberté s'invente, se détruisant par là-même. Si le calice enchanté des puissances, si la rose des pleurs en silence se cache derrière l'illusion de beauté, le monde en mille craintes découpé, étrange devenir, devient encore ce songe dévasté. Planète naïve, encore un chemin qui me délivre... Perpignan

jeudi 21 mai 2015

NE CONFIE PAS

Ne confie pas ton bonheur et tes espoirs dans les mains de l'autre, non pas qu'il faille redouter ou haïr le prochain, tout au contraire, ton bonheur tu le trouves en toi en apportant aux autres, disponible pour donner, le summum de l'égoïsme épanoui et bien compris, se recentrer sur soi pour être mieux pour autrui. Mais aussi, une protection de soi-même nécessaire si tu as la pleine conscience de ta quête et de ton destin. Le désir du bonheur, qu'il soit pour un temps approché et la pensée de le perdre engendre la douleur, or cette perte est inéluctable, que ce soit par la vie qui nous enlève tout, l'usure dans le temps qui corromps les plus nobles sentiments, l'érosion de l'autre ou de soi dans la durée partagée, qui nous rend étranger après l'amour passion des premiers instants, toujours plus beaux, que ce soit aussi par la mort de l'autre ou son absence, qui vient te prendre ta moitié, ou ton double, désarroi, drame d'un bonheur volé, toujours injuste... Par la vie qui s'use ou la mort qui vole, la perte de l'autre est fatale, alors si tu lui remets les clés de ta vie, tu t'entraînes aussi dans le malheur, en confiant le bonheur a un autre que toi-même, tu prépares ta chute... Perpignan

mercredi 20 mai 2015

UNE JOURNEE POUR MOURIR

Cette solitude inconsciente que je ne connais qu'à ce moment précis de notre péripétie, car je somnole dans des déserts imaginaires alors que la raison et la réalité m'attendent au pied de mon foyer. Avant de me réveiller, je vais vivre une seconde d'éternité dans cette touche principale du clavier de mon âme. Oui, il y a une éternité qui meurt dans cette seconde. L'univers est dans ma tête, et Dieu dans mon voyage. Avant de me réveiller ce matin des douleurs, je dois comprendre le bonheur en dehors de mes hallucinations et derrière tous mes rêves, il y a le reste, à côté de ma mémoire, un contour qui m'englobe, un abîme qui se dessine, je dois me réveiller. Les rideaux de ma prison à l'instant se sont levés. La lumière des étoiles est dépassée par le scintillement bruyant du réveil de la ville, c'est drôle. A l'habitude, j'aurais déjà été debout à regarder l'horizon des néants lugubres, mais ces mots sont étranges, les bruits ont-ils leur signification ? Leur présence rapide est débordante d'inquiétude mais le malaise fera place à l'habitude, les pas langoureux de la matinale destruction m'invitent à rester dans mon cirque de pensées. Ce matin, j'ai l'usure de me lever. Pourtant, le soleil se dérobe dans toute sa magnificence. Dans sa chaleur prend son sens. Tous les désirs humains et inhumains, la vie est ainsi liée, l'aiguille qui compte a encore bougé mais je reste figé dans ma complainte intemporelle, je ne comprends pas, les adieux sont pourtant éternels. Je pense à tout puis je me demande si je pense car rien ne réagit alors que dans ma tête, mille et mille êtres se bousculent. Le matin m'était fidèle et la faiblesse de mes désirs me semble volontaire. Je ne sais pas, les yeux dans mon âme s'articulent, les oisillons du jour chanteront l'incessant retour des paradis artificiels et des mémoires opprimées. Mon regard, dans la lueur de l'aurore, a brillé sur des mots qui recherchent encore les passions de ce jour torturé. Depuis longtemps que je me suis évanouis dans des songes inédits, où j'ai vu le sang jaillir des esprits immortels, depuis tout ce temps, je n'ai pas bougé, je ne peux pas, je crois. L'engrenage fatal ne s'est pas mis en route ce matin. Où sont passées les chaînes d'argent de ma vie de citoyen ? Qu'y a-t-il ? Il n'y a qu'une réponse, je suis mort... Aix-en-Provence, le 23 mars 1984

TON CHEMIN

Adieu, sécurité des conforts bien payés, Adieu, tranquillité des quotidiens assurés. Il a fait le grand saut, c'est périlleux, mais il est heureux. Il ne vit pas comme un baron, mais il est libre dans sa passion, profitant de tout son temps. Ces précieuses vies que l'on nous vole, vie de mort. Il dispose déjà de son bonheur, ce n'est pas le plus aisé, c'est qu'il faut oser. La machine à vieillir ne l'étouffera pas encore, choix difficile, ingrate décision, ultime manipulation, seconde fatale. En une nuit de considération, tout a changé, l'engrenage finit par me meurtrir, ne vaut-il pas mieux errer dans ses croyances ? Providence burlesque, la folie est un désir de dérision, plus puissant que la seule raison, j'admire ton dessein. La musique de l'oubli est rose d'espoir et mes songes futurs me guideront en enfer. Les nuits sont grandes pour les esprits libérés et les mots se rencontrent dans des chansons de plaisir. Ma divagation te fait rire, tu es seule, le désir est modeste, ton train de vie simple. Pourtant, une ambition sincère se cache dans le coeur de ses notes, les discussions se suivent où tu apprends leur vie. Tu découvriras ton voyage dans la connaissance de ton art et je suivrais fidèlement ton chemin. Aix-en-Provence, le 5 mars 1984

mardi 19 mai 2015

DANS TES YEUX

Dans tes yeux d'aventure, des rires s'envolent vers le ciel, dans tes sourires d'aquarelles, la bise éternelle est si pure. Je voudrais caresser tes cheveux, et me perdre dans tes rêves, car tous les mots sont la sève, de mes lendemains radieux. Dans une chanson qui s'éteint, les brumes inquiètes ont disparu, j'imagine ton regard nu, dans une chanson sans refrain. Un soir, au café, elle venait de laisser cette chaise vide, pour un bref instant, et tes mots m'ont parlé au paradis des solitudes, nous étions bien. L'harmonica chante pour moi, son de lune qui ne veut pas se coucher. Assis devant les yeux curieux, qui es-tu dans ce temps ? Une larme de rêve évanouie et l'harmonica vibre toujours. La route est pour nous ouverte, mais le voyage n'a pas encore commencé, et le café va bientôt fermer. Les fleurs nous abandonnent, tu es jolie. Les gens sont bien étranges, ils ont l'air blasés de leur ennui. Mais l'harmonica ne les trouble pas, tout continuera à être comme avant. Nous voudrions voler dans les secrets d'une autre vie. Le bar est noir, j'ai aimé mourir avant ton réveil, comme un enfant qui s'endort dans nos bras, pour ton harmonica. C'est déjà dans ma mémoire, c'est déjà un souvenir, difficile de ne pas y penser. Il fallait retenir ce lieu et ce moment, il ne fallait pas partir, il faut toujours partir. Je le regrette un peu. La mélodie était folle d'espoir et de délivrance mais le quotidien efface la beauté. Je ne t'appellerai pas mais tu sais où est ma vie. Tu aurais peut-être pui lui offrir l'harmonica des soupirs, lamentations grotesques. Cela me réconforte de penser que ce cadeau l'aurait charmé. C'est dans ma tête. Mais il y a autre chose, un contact d'expressions et de sensations, des lettres qui attendent la confrontation. Il y a autre chose, elle n'est pas banale, elle a compris le son de la lune, elle a entendu ton harmonica et elle a vécu notre larme de rêve. Les autres sont ailleurs... Aix-en-Provence, le 27 février 1984

lundi 18 mai 2015

CHANTS HEROÏQUES

Chants héroïques, les lamentations n'aboutissent qu'au suicide, et les hommes protègent le crime. Gloire et sang ne sont qu'une même motivation, modestement sans nom, oubliant la haine et la tricherie, crache un à un les égarements insensés, donne à la vie le sens d'une beauté, l'émergence d'une musique, la dimension d'une toile dorée où chaque instrument de la création est le miroir de ta naissance, de notre enfance. Les mauvais instants sont si longs... Les amertumes cruelles et les souvenirs retournés, étrange sensation du présent comme un recul inouïe où la conscience du bonheur implique le malheur, frustrations luxueuses, je me permets de souffrir l'absurde ! Aix-en-Provence, le 10 avril 1985

dimanche 17 mai 2015

IMAGE

Un petit bout de temps, devant une cathédrale gothique, scintillant dans un regard oblique, la nuit se lève au soleil couchant. Et les rayons de perles obscures, dans un étrange élan de souvenirs, autour des remparts de notre empire, éblouissent ces milles blessures. Pas un mot qui ne s'arrête, aux confins brumeux de l'autre miroir, comme l'aveugle qui essaie de voir, dans la pensée la nuit reflète. La nuit éclaire nos vertiges, les douces angoisses et les heureuses peurs,, avant que vieillissent toujours l'heure, de notre rencontre et de nos vestiges. A celui qui connait la note du mystère, aimant l'amour, les larmes et la lune, je vagabonde dans ces sables de dunes, te dédiant le coeur de ma colère. Puis une vibration étouffe le silence d'un présent musical, et le noeud des chagrins romantiques efface les tristesses sataniques. Un arbre pleure son automne passé, l'irréversible conscience accumule un passé illusoire, et se construit sur un futur moribond. Dans le spectre enchanté, la joie explose sans fin dans les cris innocents de l'enfant de demain. Je vois le blanc de ma consternation, effrayé de mes lignes assombries... écrivant le reste de l'image. Digne, le 9 avril 1985

vendredi 15 mai 2015

EVEIL

Encore une matinée dorée, dans la tristesse de mon rude sommeil. L'oeil s'ouvrant a cassé mon éveil doré dans le matin glacé. Difficilement, il a retrouvé la vue, de sa conscience faible, égarée ce matin. Pupille concentrée sur un songe lointain, regard s'éternisant sur une pensée perdue. Peu à peu, les formes ont fuit les ombres, l'image mystérieuse de ce monde réel a recouvert les draps de mille chandelles. La forme dans la forme, et puis le nombre infiniment passé de cette scène répétée, pour un oeil qui se détache de sa mort temporaire, oscillant entre l'oubli et l'illusion amère, de se retrouver vivant dans ces temps éveillés. Et le regard blanchi dans le regard blessant, dans un âge fragile d'où la nuit s'est enfuie, et l'oeil continuant sa danse en recherchant les derniers instincts du quotidien banni. Encore une matinée dorée où se disjoignent le rêve et le réveil, l'oeil mourant a détruit les merveilles dorées de mes histoires inventées. J'ai encore souvent détesté les destins fabriqués qui attachent chaque être de ces temps à un lieu si petit, à une tâche si faible, à une vie si misérable alors que pourtant aujourd'hui les hommes sont capables de tant de belles choses impensables jusqu'alors, celles-ci étant réservées à ceux qui construisent ces prétendues destinées, eux qui ne les subiront jamais...

mercredi 13 mai 2015

BONJOUR

Je te réveille, tu sors de ton rêve et tu regardes la machine s'exciter. Il est bientôt dix heures, je devrais être parti mais je suis dans cette chambre. L'odeur d'un café m'enchante, il est bon de se lever après la nuit. Aujourd'hui, je mets mon short... mais tu restes là ce week-end. Je suis en train de réfléchir, aurais-je adopté ta technique ? Casser les murs des principes du malheur, en vivant la seconde et puis l'heure, sans comprendre ce que veut dire "devenir". Peut-être comme toujours, présent à-venir. Il n'y a rien à programmer sur ce modeste passé, laisse courir les vents et les marées, croches et soupirs, la blanche et la ronde, au milieu d'une onde, et d'un souvenir. Je parle dans des mots trop chargés, des pensées conditionnées, généralisant ma frayeur dans le doux bonheur de l'inutile questionnement. Il est le paravent, le voile illusoire, la flamme noire dans ce feu d'amertume. Les anges s'embrument. Encore, encore ma tentative d'être dans un autre hémisphère, dans des mondes qui ne m'appartiennent pas. Je n'en ai pas le droit. Pourtant, pourtant je reste dans l'horizon d'un vaste univers où s'ouvrent toutes les portes de l'inconnu, tous les chemins des continents perdus. Le 23 juin 1985 (mon anniversaire)

NOUVELLE

Les yeux grands, je te regarde, la bouche ouverte, je t'écoute, les autres sont autour de nos vies, avide de les connaitre et d'apprendre à les connaitre. Mais, je ne dis pas qui je suis, je n'étalerais plus jamais le voile de mes pensées. Elles se formeront, à vous écouter, à vous suivre, à vous quitter. Exister pour les autres et bannir sa propre prison, c'est difficile de s'éteindre pour la lumière de vies inconnues. Mais c'est un plaisir incommensurable de vous découvrir, voulant vivre dans la joie de vos passions. J'ai ainsi tant de choses à apprendre sur la route, j'ai parlé avec cet homme, seul aujourd'hui, parce que sa promise avait rejoint l'abîme des rêves infinis, trop habituée à la vie à deux. Mais la mort nous apprend à vivre avant de nous détruire. Il y a des gens simples mais si riches de sentiments. Je passerai le temps de mon temps à revivre ces siècles d'histoire qui ont bercé nos routes truquées de hasard et de destinée. Pour l'inconnue bleue, j'ai sacrifié la beauté de vingt-huit mois d'amour-folie et de bonheur multiplié par deux pour le hasard de ce cruel choix, j'ai cassé les espoirs et les avenirs de ma magnifique compagne. Je n'en parlerai jamais, seulement dans mes livres fanés, où s'enterre ma réflexion usée par la honte de mes gestes. Pour ma liberté égoïste, je coupe les fils immortels de notre amour. Déjà, tu vis avec les autres et tu m'oublies. Ta souffrance va disparaître au fur et à mesure que grandira la mienne. Les sueurs de mon coeur s'évaporent dans une éternelle indifférence. L'amour n'a de sens que pour la vie, mais vivre n'a pas de sens. Demain sera déjà un souvenir et la page continuera à me sourire. Je me sens dans un ailleurs, moins seul et moins ignorant... Je me répète dans l'oubli de mon désir perpétuel, subtil et langoureux anathème. Je redécouvrirai les visages inventés dans mes "je meurs", dans mes "je t'aime". Les illusions et les visions traquent à chaque instant, à chaque siècle, les mémoires qui se cherchent et les regards qui se transpercent dans l'habitacle noir, dans une chaumière sans toit et sans mur. Les horizons se rencontrent et d'insolentes dérisions se dévoilent les mystères de nos passions bleues étoilées.

mardi 12 mai 2015

LES JOURS M'ASSASSINENT

Les jours m'assassinent, un autre pensera pour moi, je danserai sur ces larmes amères. Un autre, sans préjugé et sans loi, m'apprendra à oublier. La guerre dans mon coeur et dans mes entrailles, a rongé l'être charnel. Elle a grandit puis elle a déchiré le voile d'illusions, la faille, les grandioses idées. L'éternelle déception envahit mon jardin, mais les miroirs assombris recommenceront sans fin à nourrir le monde de vie. Je me répète dans l'oubli de mon ignorance, indifférence fanée, subtil et langoureux anathème. Je redécouvrirais les visages inventés dans mes "je meurs", dans mes "je t'aime". Les visions traquent à chaque temps, à chaque siècle, les mémoires qui se cherchent, et tous les regards qui se transpercent dans l'habitacle noir, dans une chaumière sans mur et sans toit. Les horizons se rencontrent et d'insolentes dérisions se dévoilent dans les mystères de nos passions. Etoile bleue, je te vénère. Les vagues du ciel d'aujourd'hui baignent baignent la chaleur de ma course. Je m'en irai dans mes mots d'argiles, mes mots de compagnie, dans un immense abri où renaîtront, dans l'océan, nos îles qui furent nos paradis. Les rancoeurs s'affrontent, une larme écoulée de ma paupière rougie. Je m'envole ce soir encore dans des tourments passionnants où va l'heure qui s'épuise. Les silencieuses fenêtres et le lampion se souviennent encore de mes pensées inouïes. La jouissance de l'existence envahit ce lieu, une momie sur le lit tourne la tête vers mes regards. Ces yeux noirs et ces orbites vides, j'éteins la lumière de mon horizon pour réapparaître dans le jour, et vos sourires qui m'étranglent, vos gestes qui m'écorchent demeurent dans le lointain désert où les astres ne viennent jamais réanimer les odeurs d'un été, à jamais condamné.

lundi 11 mai 2015

MINUTE DE SOUFFRANCE

Le cri de l'enfant s'est essoufflé, éteint dans l'éternel chagrin. La passion d'un destin l'arrache à sa fragilité, crevant son coeur de toute pitié, fatale cruauté, tu vas périr en cet endroit. Les heures sont bien trop longues dans ta funèbre torture, la nuit nous isole et tout nous abandonne. Le prophète n'a rien dit, pour qui veut détruire la beauté, ravir les secrets, des vies luttent pour aimer. Il n'y a pas de récompense, c'est l'horreur du désarroi, dit un philosophe chinois, dans ce vaste vide de nos remords, les suppliciers de l'oubli s'évadent peu à peu, malheureux. L'issue te montrera qu'elle n'existe pas et la porte s'ouvrira pour se refermer. Les pleurs m'ont assommé. Ce soir, l'enfer a chez moi sonné. Personne, pourtant, ne lui a dit d'entrer. Les flammes de la furie ne se gênent jamais pour vous brûler les veines et les tripes. Les chemins s'enrobent dans les larmes, le drame étouffe la pulsation chaleureuse. Fatale cruauté, tu vas périr en cet endroit mais les heures sont trop longues pour celui qui ne sait pas souffrir.

AILLEURS

Les dieux du goulag sont morts dans leur solitude, aventurière amertume, auras-tu le courage de vieillir ? On n'a peut-être ni le temps, ni le droit d'y penser, mais le prisonnier reste seul devant ses erreurs, mon malheur, les yeux sans lueur, ma liberté m'a oublié pour des habitudes grotesques, le venin dans le sang, le poison dans la tête, la finitude enferme mon espérance et la condition est hasardeuse. Les clochards sont partis ailleurs, ignorants notre raison, tous les gens sont différents, les têtes se côtoient mais aucune ne pense pareil, la marée va, menteuse, engloutir ma tristesse. Et l'arbre va, fidèlement, rejoindre les oublis, obscur décision, il contemple nos époques : "vous vous ressemblez trop !" dit-il, et ses feuilles tomberont, tapis vert, chemin noir, les pas sont recouverts, pas d'espoir. Une fine pluie s'écoule dans mon coeur, je suis seul. Un navire a quitté le port, hier, il faisait soir, le quai est morose, ta vie aussi, mais je n'ai pas envie de me perdre dans des heures inconscientes. La nuit doit être vécu, criez âmes éternelles, dans la question fondamentale. Les enfants vont grandir dans l'ordre de votre raison. Le respect de l'acquis a coûté tant de vie, il paraît que le ciel s'est tué pour nous, je ne suis qu'un pauvre rêve. Le nouveau visage est étonnant, comme un rayonnement survenu du lointain pour me dire que notre accomplissement est bien trop grand. Je croyais être seul, je pensais avoir beaucoup vu, j'ai cru tout comprendre mais son regard personnellement vagabond me défie. Je ne suis qu'une larme dans la souffrance du monde. L'immense tragédie nous entoure et je reste assis sur mes soucis, je n'ai rien à attendre de leurs désirs. Partir, inquiétant, passionnant, pour se reconnaître ailleurs, pour me détacher de l'invisible chaîne. La crainte des autres paysages, des autres langages, des autres... Les oiseaux n'ont jamais le même nid, heureux de s'envoler, sacrifice des vérités découvertes. Le vertige est la drogue des voyages et des aventures, mais elle ne change rien au décor de ton ombre. Partir pour rester en face de soi-même, les vents du nord ont balayé tous les déserts. Un jour, le soleil ne se lèvera pas pour arroger la puissance des hommes, dans le froid de la nuit sans étoile, nous mourrons sans avoir compris. Le 12 mars 1984

samedi 9 mai 2015

Demain n'existe pas

Or demain n'existe pas, si ce n'est dans les hasards nocturnes du passé qui s'endort, Hasard est le maître mot, fatalité meurtrie dans la liberté de nos vies, Le pas est immense, et la symphonie foudroyante, je vis une conscience de l'impossible, Souvent la note retombe, et s'acharnant dans les larmes inventées, horizon cassé, Fleurie, ta joie de naître, imaginons des décors multicolores, or demain n'existe pas, Dans un silence cosmique, j'ai revu les voix et les choeurs de ma création disparue, La symphonie foudroyante se meurt et renaît dans la conscience de l'impossible.

jeudi 7 mai 2015

Esprit

Il faut encore vagabonder, dans les temps séduisants, les promesses de liberté, les sourires d'enfant Rencontrant l'ivresse de l'espace, Libre et incertain dans la nuit, pour quelques notes arrondies Les futurs reconquis me prélassent, dans cette lettre un autre message, je crois en ce moi pour ce passage, Bref et intense que je désire, et je fuirai dans un soupir, Un soupir qui vagabonde sur la portée du désir, l'ambition engloutit ton jugement, Il sera difficile encore de retenir cette seconde qui vieillit, les destins et les promesses, l'incertain qui nous caresse, chaque feuille qui s'écrase ici et chaque lueur d'étoile sont des hasards, sans loi et sans avenir, Je suis une onde, comme ton ombre, et comme dans leurs mots, les folies de nos systèmes, les charmes de nos mystères qui nous échappent, errant dans une angoisse, de notre esprit...

Evocation éphémère

La pensée si fragile au bruit des émotions, est comme perdue, entre un chaos fatal et une raison bornée, Elle est comme hésitante, entre un chemin juste et clairvoyant, et un marais tumultueux aux morales incertaines, La pensée si fragile au son des rêves épiques, bouscule les désirs et les consciences éduquées, Se disputant la porte du triomphe rassurant, dans les souvenirs intérieurs et les futurs explorés Mon corps se confond dans une grise solitude et scrute en cette soirée...

dimanche 3 mai 2015

Suicide manqué

ça me glace le coeur, je suis fourbu de douleurs, de ne pouvoir crier, de ne pouvoir pleurer Et de toute cette horreur, contemplant mon malheur, ce monde cruel m'écoeure, je voudrais sauter Comme un spectacle, la foule m'attend, devant cette débâcle, je voudrais injurier Ou alors périr, mais pas devant tous ces gens, il me prend l'envie folle de les tuer Je voulais me jeter, mais pas besoin de télé, pour retransmettre en direct ma mort Je n'ose plus bouger, je ne veux pas tomber, j'aimerai tant leur donner tort Engourdi, effrayé, halluciné, il me faut m'évader de ces yeux si avides Devant tous ces gens ébêtés, je sens mon corps qui se vide Tomber dans cette foule de badauds, pour épater les journaux et faire parler les hommes Ou pour inscrire ma photo dans les faits divers entre deux colonnes Non, désolé de vous décevoir, je ne veux plus mourir car je crois avoir compris ce soir Que ma vie pourrait encore me servir Oui j'ai compris ce soir que toute vie peut toujours servir.