mardi 30 avril 2019

IMAGINAIRE

Dans un château de cartes géantes J'étais soudain entré Dans cette citadelle arrogante Difficile de se repérer Un as de cœur m'inspira confiance Je me dirigeai vers lui Mais des dames je nourrissais méfiance Qui me faisait souci Ce monument devint plus sympathique Je continuai à vagabonder Des pas en enjambées fantastiques Pour escalader Ce château, je le trouvais beau Et dominant, il paraissait grand Des élans de joie m'amenèrent au moment Fierté de l'avoir vaincu Pas une carte n'avait bougé Puis je devenais spectateur de l'inconnu J'étais heureux d'être ici Comme libre dans mon château Quand, tout-à-coup, effroyable bruit Tout s'écroule trop tôt Je tenais là assis sur mon lit Surprenant rêve que je venais de faire Je fus peu à peu envahi de la tristesse de ma vie Quand j'eus vécu trop bien les extases de mon imaginaire Aix-en-Provence, Le 23 Juillet 1984

Il faisait froid et j'étais seul

Il faisait froid et j'étais seul La fine pluie des tristesses d'été Ruisselait sur mon visage frissonnant Je cherchais sans savoir, je marchais sans vouloir Les vents d'un passé figé fouettaient ma peau gelée Je croyais encore être avec moi, mais je ne savais pas Il faisait froid et j'étais seul La nuit de l'ennui m'enfermait dans ses entrailles empoisonnées Pour un cri de larme, j'appelai qui, j'appelai quoi J'étais seul... et il faisait froid Dans cette présence incertaine Comme dans les vagues lointaines Des mots d'aventure et des mots d'amertume Engendraient les passions de ma solitude divine J'étais comme de trop Et je n'étais plus rien Car j'ai si froid quand tu me laisses seul Aix-en-Provence, Le 23 Juillet 1984

lundi 29 avril 2019

Confession

Dans la folie d'un désespoir Je me suis étranglé dans le noir Peur de la nuit, peur du sort Et du règne de la mort J'ai goûté aux alcools de la solitude Sans jamais mentir, gloire, plénitude On pourrait pourtant tout quitter Mais je ne cherche pas à m'enfuir Je ne peux me détacher De tes yeux qui me font souffrir Dans la détresse d'un instant doux J'ai désiré devenir fou Peur du rire de tout ces hommes Cœur qui s'enfuit, mots qui se gomment J'ai désiré fou devenir Au firmament de ton sourire On pourrait pourtant s'évader Et laisser les corps courir Mais je ne peux abandonner Ces caresses qui me font languir Mais je ne peux abandonner La chaude clameur de tous mes désirs Aix-en-Provence - Le 1er juin 1984

dimanche 28 avril 2019

Les mots qui s'en vont

Les vagues du ciel d'aujourd'hui Ont agréablement baigné La chaleur de ma nuit Je m'en irai dans mes mots d'argiles Mes mots de compagnies Dans un immense abri Où renaitront dans l'océan nos îles Qui furent nos paradis Les rancœurs s'affrontent Une larme écoulée De mes paupières rougies Je m'envole ce soir dans des tourments passionnants Où va l'heure qui s'épuise Les fenêtres silencieuses, le lampion se souvient De ces incultes pensées Mais la jouissance de l'être envahit cette pièce Une momie me regarde, puis elle tourne la tête vers la porte Ces yeux noirs dans des orbites vides J'éteins mon soleil Pour réapparaître dans le jour Et les signes de votre présence se détachent De vos ombres Vos gestes s'écorchant Demeurent dans le lointain désert Où les éclairs de la raison ne viendront jamais Réanimer les étés et les odeurs A jamais condamné Et les mots s'en iront dans la ligne suivante... Aix-en-Provence - Le 2 juin 1984

Mon gant (Ma bio)

Un Ami, intrigué, m'a dit : - Pourquoi portes-tu un gant ? Parles-moi de ton gant. - Et les gants ? Élégant, c'est élégant Il se trouve que je porte un gant à la main droite qui reflète une histoire terrible, presque indicible. Les gants ont toujours accompagné ma progression de vie, semée de cimes et d'abîmes. Petit, je faisais découvrir à mes camarades des tours de magie et j'enfilais les gants du magicien : les gants au service de l'illusion. Puis, dans ma pratique des arts martiaux, mon maître m'a offert ma première paire de gants de combat, destinée à amortir les coups en compétition afin de ne pas blesser l'adversaire : les gants au service de la protection. En tant que pianiste et guitariste, je porte des gants de musicien, destinés à protéger du froid mes doigts, me faisant économiser des heures d'échauffement sur le clavier : les gants au service de la composition. Enfin, le gant unique que je porte au quotidien à la main gauche est un symbole, symbole de ma survie en milieu hostile et fermé, où j'ai atterri malgré moi, interné pendant trente six mois interminables. Celui qui portait ce gant, avant de partir quand on est venu le chercher, me l'a offert en disant : - Celui, qui porte ce gant, a le pouvoir ici, parmi tous les patients ; et comme tu est amené à rester longtemps, il te revient. Tu en auras plus besoin que moi. Le gang au service de la survie. Le gang masque l'empreinte digitale : celui qui le porte n'est plus personne, n'a plus d'identité spécifique et définie, alors il peut être tout le monde, tour à tour musicien, magicien, escrimeur ou cambrioleur.Les gants, et les gants, élégants... Perpignan

samedi 27 avril 2019

Les yeux de cristal

J'étais arrivé devant le jour, éteint et grisaillant Parfois, je ne retrouve plus les battements de mon espérance Et ma volonté meurt dans ce manque de confiance Comme le jour où je me suis mis à douter de tout A renier la beauté, et à ignorer les bras de mes amis La fleur fanée au fond de mon miroir flétri Une pâle peur, douceur et langueur J'ai maintenant le désir mitigé d'impuissance Qui me porte tout en haut de ma tête Dans les sordides illusions d'une fraîche folie Pour me sentir dans mon cœur Pour prendre conscience de ma conscience Devant les paysages bridés, je me suis abandonné Peut-être que je ne reviendrais pas Parce que, comme tout ceux que l'on enferme Dans des murs de complexes Qui font les prisons les plus inviolables et les plus maudites Comme tout ceux qui ont enduré leur personne Pareil au supplice des ténèbres foudroyés par vous Comme tous ceux-là J'ai l'envie de fuir Sur la ligne des horizons perdus Des voyages et des rencontres Avant d'arriver devant les bouquets du bonheur Je cultiverai les champs étoilés de ma torpeur Et l'espace oublié de mon imaginaire Les yeux démesurés et la bouche idolâtrée La rencontre d'un autre Qui me recherche au fond de moi Dans ces yeux de cristal. Le 13 mai 1984

Poursuite puérile

Une fuite inutile, Seconde vibrante, Une onde souriante. A l'écume endormie vont les vagues sans fin. Au rivage étourdi se fondent les lames de l'airain, Courses et voyages bénissent leur dérisoire jeunesse. Avant le grand repos, un sourire d'allégresse, Complainte fortunée et mots démesurés, Un à un tombent, les songes regrettés. Dans l'agonie d'une larme d'amour, J'ai l'espoir en d'autres jours, Pour un besoin d'aventure et de changement, Je meurs dans la torture de ne plus vivre comme avant. Pour un besoin de réconfort et de stabilité, J'éprouve si puissamment l'envie de te retrouver. Stabilité et changement font la contradiction, Qui conduit notre essai de vie et nos excès de passion. Digne le 27.12.1984

Poésies sans valeur (mes questions)

Poésies sans valeur, J'écris encore à la première occasion, Fidèle occasion. Mais je n'ai pas de nom, Poésies sans valeur. Elles me délivrent de cette langueur. La solitude de l'exilé est un hideux calvaire. Puis, reconnu au moment de sa mort, Dans des médiocres jugements, les hommes assouvissent leur colère. Les anges et les démons le porteront dans le décor, Le décor des inoubliés, Le décor des mythes inventés. Poésies sans valeur, Que je perds dans des tiroirs, Qui me plongent un peu dans ce noir, Où naissent toutes nos rancœurs. Elles sont pour moi comme des amies, Mes modestes poésies. Vivre de ses passions Est la réussite suprême, Celle qui nous promène, Dans les limites de toute déraison. Merveilleux chemin, Ambitieux destin, Qui peut nous faire toucher le fond, Si je n'y crois pas à fond. Poésies sans valeur, Que vais-je devenir ? Comme une vie sans bonheur, Poésies sans valeur. Aix-en-Provence - Le 19 mai 1984

vendredi 26 avril 2019

Heureusement que tu es là...

Tu m'attendais, inquiète dans ton amour heureux. Pourtant, la totale différence du milieu nous assommait. Mais je m'étais juré de l'ignorer à jamais. Pour nous deux, Mais cruel est le complexe de se sentir aussi faible et petit, Comme écrasé par des années d'humilité et d'ignorance, ou d'humiliation. Qu'il m'a affligé traçant ainsi les chaînes de ma providence. Parce qu'il ne m'a conçut qu'à travers sa propre vie, Infâme douleur qui m'éblouit de larmes, quand je la vois souffrir. Car elle m'a tout donné et je n'ose point le lui rendre, Parce que derrière ces rides belles et dures, souffle un cœur tendre, Que je ne sais pas consoler, car j'ai l'angoisse de tout dire, de trop dire. Dire que je suis répugné de tout ce gâchis. Dire qu'il me faut fermer les yeux devant ma paralysie. Dire enfin que je jure qu'il en sera bien autrement, Quand la vie m'aura donné puissance de rougir librement En attendant, je pleure dans mes phrases usées Pour être sûr de ne jamais rien oublier De ce que je pense aujourd'hui De ce qu'était ma vie. Je retrouve encore tes doux regards incertains, Quand tu vivais avec ma peur de me perdre dans ces cris foudroyants. Mais j'ai besoin de tes bras pour pleurer pour longtemps. J'ai toujours plus envie de ta chaleur féminine et de ton corps, l'amour Heureusement. Heureusement que tu es là. Aix-en-Provence - Le 9 janvier 1984

Rencontre

Rencontre d'un soir Lueur d'amour. Rencontre d'un jour Lueur, d'espoir Non, c'est trop facile. C'est simplement l'espace d'une connaissance éphémère. Des mots et des sourires qui se mélangent, Et le plaisir de vous connaître. Toi, qui partira découvrir d'autres horizons, d'autres garçons. Tu changes de ville en traversant nos vies, Juste pour un soir, ce soir. Tes gestes furent le reflet de ta personnalité, Qui marqua notre invitation. Tu ris, oui et tu peux nous juger. Tu as vu tant d'individus te côtoyer, Mais tu restes avec nous. Ton écharpe s'enfuit sur ce cou étranger et tu ne l'appelle pas. Pour nous, l'oubli restera volontaire, Rencontre extraordinaire. Les fous voyagent dans les rêves d'autrui, Puis ta vie s'est étalée dans ces photos sorties. Te connaître, impossible, ton passé, lointain et étranger. Tu resteras dans l'ombre de tes secrets, Et le tableau bleu de tes pensées voyageuses, S'est écoulé dans mes mots répétés. Tu es partie heureuse d'avoir pu nous étonner. Nous resterons assis sur notre vie. La façon était si belle, De te voir nous quitter, Comme un baiser sur ces lèvres. Tu t'es envolée... Aix-en-Provence - Le 16 mars 1984

jeudi 25 avril 2019

Instinct de mort

Peur, Une sensation m'étrangle, Devant ce papier blanc, je m'attends là seul, Et mon regard surprend cette stupide scène. Mes yeux ignorants et ma tête aveugle, Je ne sais pas comment partir. Pourtant, souvent j'écris Du vide et des lignes de mots tristes, Des vers cassés et des poèmes déchirés. Un désir de paraître dans les gens. Tu m'as dis un soir ce que je voulais entendre. Les feuilles usées se rangent Dans mes tiroirs asphyxiés. Sur ces pages de bonheur vieillissent mes instants. Le verbe s'échappe, Cette vie n'ira pas rejoindre mes mémoires de l'oubli. Je prends un risque plein d'espoir si tu as envie de me lire. Le monologue se sauve de l'ennui d'une saine vie d'habitude. Ces moments sont rares Où je me sens fort, je me sens heureux. Mes murs me protègent. Le monde est un ailleurs. Aix-en-Provence - 23 février 1984

mercredi 24 avril 2019

Les imbéciles

Excusez-moi pour ce qualificatif grossier. J'ai bien d'autres mots en tête. On a tant de choses à dire tant vous êtes bêtes. Mais je ne voudrais être trop répétitif. Pourtant, votre stupidité n'a d'égale que votre méchanceté. L'hypocrisie s'habille de votre jalousie. Et l'intolérance dévisage avidement nos vies. Parce que vous ne comprenez pas notre simplicité. J'aimerai te parler et t'inviter sincèrement. Dans mon cœur qui ne cherche qu'à entendre les mots d'ailleurs. Parce que je suis seul et je voudrais connaitre les gens. On est heureux lorsque, pour les autres, on cherche leur bonheur. Mais dans ton regard, je ne vois qu'un mesquin jugement, Un sourire maudit qui ne cherche qu'à tromper la naïveté. Tu m'aideras pas, tu enfonceras l'amitié d'un esprit grand, Sans chercher à apprendre les leçons de son humilité. La bonté et la modestie te dépassent, et tu ne peux comprendre, Le bonheur des vrais amis qui ne peuvent se quitter. L'amitié a un sens vrai pour les êtres passionnés, Mais rien ne te pousse à vivre, et à l'ennui tu es condamné à te rendre. Vous, les imbéciles, vous êtes des êtres humains. La vie peut toujours vous transformer en génies sur-doués. Les destins ne sont pas arrêtés dans les lignes de nos mains. En quête de sincérité, votre personnalité peut s'affirmer. Mais, si tu ne sais pas te remettre en question, Ton ignorance maquillée sous la boue de ta prétention Te conduira dans le clan de ceux qui ne comprennent pas. Qu'ils sont imbéciles, cerveaux truqués et fils à papa, Rassurez-vous, je suis peut-être dans votre clan. Car celui qui juge et accuse a rarement la pureté de l'enfant. J'ai au moins le mérite de me poser la question. Et n'ai jamais tranché pour le "oui" ou pour le "non". Aix-en-Provence - Le 30 février 1984

Pour toi, pour moi

Ils sont là,Devant tes mimiques arrogantes et profanes, Ton regard ne perçoit qu'une masse exaltée, Montres leur que tu sais pleurer. Ils iront un jour vers le silence de mes vers. Poésie des solitudes, Ils viendront peut-être demain te dire courage. L'écho noir te répondra enfin. Il faut lutter pour espérer. Je n'ai pas grand-chose à perdre si ce n'est mon bonheur. C'est maintenant qu'il faut combattre. Après la fin m'attendra, Usé, fatigué de n'avoir rien fait. Comme la plupart de ces toupies dans la rue, Qui, de vitrines en étiquettes, jettent encore un peu De cette triste vie qui leur échappe. C'est comme au sommet d'un grand balcon. Le vertige de tomber est si attirant et trompeur. Les ailes sont mortes dans la guerre des cités. C'est ton travail qui les a tué. Des années occupées mais tu respireras. Écoutes les touches somptueuses de ce compositeur. Sa musique est éternelle. Une émotion, La sensation du vide impatient. Ils sont là pour attendre que tu leur dises que rien n'est vrai. Le rêve est bien réel quand il disparaît. La brume de l'espérance, délivrance, Dansez avec moi, le monde tourne autour de vos pieds. Ainsi, le trouble recommencera. Il t'emmènera dans les langueurs des profondes angoisses. La méditation nous efface un peu de cette vie. Et mon visage se perd entre deux images. L'eau et le feu se marient. Le jour ne recommencera plus... Bastia - Corse

mardi 23 avril 2019

Eros

L'adoration a jaillit de mes fébriles lamentations. Flammes bleues, Larmes d'étoiles. L'épiderme se retourne dans ces soupirs ardents. Jamais encore le cœur ne fut plus grand. Sourds battements, Chaleur antique. Une brise de joie dans l'ondine d'un sourire respire. Corps entrevoûtés, Capricieuses voluptés. Les doux chants de la berceuse, Comme les contes de fées, Scintillent dans les mains éventrées. Dans l'azur essoufflé, un intense bonheur, Gémissements et pleurs se fondent dans la joie. Beauté et jouissances s'étranglent de caresses. Pour mourir dans cette seconde de cristal. Et les réconforts bercent le plaisir Sur des airs divins, un autre ébloui De convulsions qui m'entraînent dans la nuit. Dans les mystiques envies de tes reins harmonieux, L'adoration a jaillit des entrailles de Dieu. Et les rituelles prières déclinent les passions de chair. Aix-en-Provence - Le 20 décembre 1982

mercredi 17 avril 2019

A lire, et à oublier

Messieurs, j'ai aujourd'hui décidé, mais qu'ai-je décidé ? On ne m'a rien demandé, qu'est-ce qu'on ne m'a rien demandé ? Qui a posé une question ? Qui m'a réclamé de l'aide ? Je ne suis pas sûr de savoir si l'on a besoin que je dise quelque chose. Que dirais-je bien ? Je ne sais pas parler. Et si un son s'échappe de là-dedans, il tombera seul. Contre le vide de tous ces regards sourds. Et puis, de toute façon, je n'ai peut-être pas envie de leur parler, aux sourds. Ils n'ont sûrement pas besoin de m'entendre. La rue des destins est trop grande, la place n'entend rien pour qui s'y perd. Mais je ne me suis pas perdu, Où pourrais-je me perdre ? Il y a, qui sait, une porte qui s'ouvre. Et derrière, il y a des gens pour me guider, pour me parler, pour m'écouter. Ou personne... Pour m'ouvrir la porte, elle est fermée !! Mais, je ne les connais pas ces gens. Et ils ne m'ont jamais vu, ils ne m'entendront pas, le mur est clos. Comment faire pour attraper leur cœur ? Je pense qu'ils n'existent que dans ma tête. Tout est dans ma tête, mais il n'y a rien dans ma tête. Tête, tête, pourquoi je parle toujours de ma tête ? C'est le vent. Il tourne, il tombe, et elle craque, lentement dans son usure. Voyez-vous, je me surprends à ne rien dire. Que dis-je ? C'est déjà beaucoup, parler que de ne rien dire. Et puis, je l'ouvrirais un jour cette porte, même si elle n'existe pas. Je l'inventerai avec le néant de ma mémoire. Je la construirai pour la détruire, tout se bâtit pour s'effondrer. Je dois me bâtir, pourquoi dois-je faire cela ? Et pourquoi cette question ? On ne m'a rien demandé, cela n'est pas important. Oui, j'ai aujourd'hui décidé, mais... Aix-en-Provence, Le 16 février 1984

Les pages qui se suivent

Les cœurs sont frappés par le miroir transparent, et le soupir est éternel dans les randonnées éphémères. Tous les chemins vivants sont fragiles. Et ma vie enfermée dans ces murs de pensées. L'âme s'envolera dans les fumées des plaisirs inconscients. Il n'y a plus de sentiments, il n'y a plus de préjugés. L'esprit libre est une force aussi puissante que la mort. Mais comment vivre à côté de ceux qui ignorent ces passions utopiques ? Ce jour-là, un inconnu, que l'alcool avait engloutit, m'a surnommé le fou. J'étais flatté. Mais, dans ton regard inquiet, où la peur et l'angoisse s'entre-violaient, dans cette seconde de courage et de lâcheté, tu es venue juste pour nos mots. Tu voyages dans des idéals bafoués, mais j'ai peur de rêver, j'ai peur d'oublier. Pourtant, le rêve divague dans nos mémoires, l'ombre de la nuit s'est évaporée dans mes tympans impressionnés. Les formes ténébreuses de l'insomnie caressent les murs solitaires. L'horizon disparu étouffe mon regard et la pensée m'aveugle, je me souviens de ce sommeil éveillé. Nous étions dressés devant l'abîme de l'irréel, de la grande imagination qui dérange les folies et nous arrache du marasme quotidien. Dans la noire cité des solitudes, toutes les chambres étaient vides, abritant des corps endormis. Dans nos entrailles durcies, la musique de notre solitude est effrayante, doc attrayante. Mon cœur frappé par le miroir transparent va éclater dans ses élans d'illusions et de sensations empoisonnées. Mais on ne l'entend pas, tu ne l'entend pas. Aix-en-Provence, Le 20 mai 1984

mardi 16 avril 2019

Suicide manqué

Dans l'enfermement, redouté et vécu, l'enfer me ment, ça me glace le cœur, je suis fourbu de douleurs, de ne pouvoir crier, de ne pouvoir pleurer. Et de toute cette horreur, contemplant mon malheur, ce monde cruel m’écœure, je voudrais sauter. Comme un spectacle, la foule m'attend, devant cette débâcle, je voudrais injurier. Ou alors périr, mais pas devant tous ces gens, il me prend l'envie folle de les tuer, comme ils m'ont assassiné. Je voulais me jeter, mais pas besoin de télé, pour retransmettre en direct ma mort programmée. Je n'ose plus bouger, je ne veux pas tomber, j'aimerai tant leur donner tort. Engourdi, effrayé, halluciné, il me faut m'évader de ces yeux si avides. Devant tous ces gens ébêtés, ahuris, je sens mon corps qui se vide. Tomber dans cette foule de badauds, pour épater les journaux et faire parler les hommes. Ou pour inscrire ma photo dans les faits divers entre deux colonnes. Non, désolé de vous décevoir, je ne veux plus mourir car je crois avoir compris ce soir, que ma vie pourrait encore me servir. Oui j'ai compris ce soir, que toute vie peut toujours servir... Thuir

Évocation éphémère

La pensée si fragile, au bruit des émotions, est comme perdue, entre un chaos fatal et une raison bornée. Elle est comme hésitante, entre un chemin juste et clairvoyant, et un marais tumultueux aux morales incertaines. La pensée si fragile au son des rêves épiques, bouscule les désirs et les consciences éduquées, Se disputant la porte du triomphe rassurant, dans les souvenirs intérieurs et les futurs explorés Mon corps se confond dans une grise solitude et scrute en cette soirée, se perdant en évocation éphémère. Effet mer...

Esprit

Il faut encore vagabonder, dans les temps séduisants, les promesses de liberté, les sourires d'enfant. Rencontrant l'ivresse de l'espace, Libre et incertain dans la nuit, pour quelques notes arrondies Les futurs reconquis me prélassent. Dans cette lettre, un autre message, je crois en ce moi, pour ce passage, Bref et intense que je désire, et je fuirai dans un soupir. Un soupir qui vagabonde sur la portée du désir, l'ambition engloutit ton jugement, Il sera difficile encore de retenir cette seconde qui vieillit, les destins et les promesses, l'incertain qui nous caresse. Chaque feuille qui s'écrase ici et chaque lueur d'étoile sont des hasards, sans loi et sans avenir. Je suis une onde, comme ton ombre, et comme dans leurs mots, les folies de nos systèmes, les charmes de nos mystères qui nous échappent, errant dans une angoisse, de notre esprit. Esprit, est-ce pris... Perpignan

Demain n'existe pas (encore)...

Or demain n'existe pas, si ce n'est dans les hasards nocturnes du passé qui s'endort. Hasard, qui n'est pas, non plus, est le maître mot, fatalité meurtrie dans la liberté de nos vies. Le pas est immense, et la symphonie foudroyante. Je survis sans une conscience de l'impossible. Souvent la note retombe, et s'acharne dans les larmes inventées, horizon cassé. Fleurie, ta joie de naître. Imaginons des décors multicolores, or demain n'existe pas. Dans un silence cosmique, j'ai revu les voix et les chœurs de ma création disparue. La symphonie foudroyante se meurt et renaît dans la conscience de l'impossible. Perpignan

Ailleurs

Les dieux du goulag sont morts dans leur solitude, aventurière amertume, auras-tu le courage de vieillir ? On n'a peut-être ni le temps, ni le droit d'y penser, mais le prisonnier reste seul devant ses erreurs, mon malheur, les yeux sans lueur, ma liberté m'a oublié pour des habitudes grotesques, le venin dans le sang, le poison dans la tête, la finitude enferme mon espérance et la condition est hasardeuse. Les clochards sont partis ailleurs, ignorants notre raison, tous les gens sont différents, les têtes se côtoient mais aucune ne pense pareil, la marée va, menteuse, engloutir ma tristesse. Et l'arbre va, fidèlement, rejoindre les oublis, obscur décision, il contemple nos époques : "vous vous ressemblez trop !" dit-il, et ses feuilles tomberont, tapis vert, chemin noir, les pas sont recouverts, pas d'espoir. Une fine pluie s'écoule dans mon coeur, je suis seul. Un navire a quitté le port, hier, il faisait soir, le quai est morose, ta vie aussi, mais je n'ai pas envie de me perdre dans des heures inconscientes. La nuit doit être vécu, criez âmes éternelles, dans la question fondamentale. Les enfants vont grandir dans l'ordre de votre raison. Le respect de l'acquis a coûté tant de vie, il paraît que le ciel s'est tué pour nous, je ne suis qu'un pauvre rêve. Le nouveau visage est étonnant, comme un rayonnement survenu du lointain pour me dire que notre accomplissement est bien trop grand. Je croyais être seul, je pensais avoir beaucoup vu, j'ai cru tout comprendre mais son regard personnellement vagabond me défie. Je ne suis qu'une larme dans la souffrance du monde. L'immense tragédie nous entoure et je reste assis sur mes soucis, je n'ai rien à attendre de leurs désirs. Partir, inquiétant, passionnant, pour se reconnaître ailleurs, pour me détacher de l'invisible chaîne. La crainte des autres paysages, des autres langages, des autres... Les oiseaux n'ont jamais le même nid, heureux de s'envoler, sacrifice des vérités découvertes. Le vertige est la drogue des voyages et des aventures, mais elle ne change rien au décor de ton ombre. Partir pour rester en face de soi-même, les vents du nord ont balayé tous les déserts. Un jour, le soleil ne se lèvera pas pour arroger la puissance des hommes, dans le froid de la nuit sans étoile, nous mourrons sans avoir compris. Aix-en-Provence - Le 12 mars 1984

Minute de souffrance

Le cri de l'enfant s'est essoufflé, éteint dans l'éternel chagrin. La passion d'un destin l'arrache à sa fragilité, crevant son cœur de toute pitié, fatale cruauté, tu vas périr en cet endroit. Les heures sont bien trop longues dans ta funèbre torture, la nuit nous isole et tout nous abandonne. Le prophète n'a rien dit, pour qui veut détruire la beauté, ravir les secrets ; des vies luttent pour aimer. Il n'y a pas de récompense, c'est l'horreur du désarroi, dit un philosophe chinois, dans ce vaste vide de nos remords, les suppliciers de l'oubli s'évadent peu à peu, malheureux. L'issue te montrera qu'elle n'existe pas et la porte s'ouvrira pour se refermer. Les pleurs m'ont assommé. Ce soir, l'enfer a chez moi sonné. Personne, pourtant, ne lui a dit d'entrer. Les flammes de la furie ne se gênent jamais pour vous brûler les veines et les tripes. Les chemins s'enrobent dans les larmes, le drame étouffe la pulsation chaleureuse. Fatale cruauté, tu vas périr en cet endroit mais les heures sont trop longues pour celui qui ne sait pas souffrir. Perpignan

lundi 15 avril 2019

Les jours qui m'assassinent

Les jours m'assassinent, un autre pensera pour moi, je danserai sur ces larmes amères. Un autre, sans préjugé et sans loi, m'apprendra à oublier. La guerre dans mon cœur et dans mes entrailles, a rongé l'être charnel. Elle a grandit puis elle a déchiré le voile d'illusions, la faille, les grandioses idées. L'éternelle déception envahit mon jardin, mais les miroirs assombris recommenceront sans fin à nourrir le monde de vie. Je me répète dans l'oubli de mon ignorance, indifférence fanée, subtil et langoureux anathème. Je redécouvrirais les visages inventés dans mes "je meurs", dans mes "je t'aime". Les visions traquent à chaque temps, à chaque siècle, les mémoires qui se cherchent, et tous les regards qui se transpercent dans l'habitacle noir, dans une chaumière sans mur et sans toit. Les horizons se rencontrent et d'insolentes dérisions se dévoilent dans les mystères de nos passions. Etoile bleue, je te vénère. Les vagues du ciel d'aujourd'hui baignent baignent la chaleur de ma course. Je m'en irai dans mes mots d'argiles, mes mots de compagnie, dans un immense abri où renaîtront, dans l'océan, nos îles qui furent nos paradis. Les rancœurs s'affrontent, une larme écoulée de ma paupière rougie. Je m'envole ce soir encore dans des tourments passionnants où va l'heure qui s'épuise. Les silencieuses fenêtres et le lampion se souviennent encore de mes pensées inouïes. La jouissance de l'existence envahit ce lieu, une momie sur le lit tourne la tête vers mes regards. Ces yeux noirs et ces orbites vides, j'éteins la lumière de mon horizon pour réapparaître dans le jour, et vos sourires qui m'étranglent, vos gestes qui m'écorchent demeurent dans le lointain désert où les astres ne viennent jamais réanimer les odeurs d'un été, à jamais condamné. Perpignan

Nouvelle

Les yeux grands, je te regarde, la bouche ouverte, je t'écoute, les autres sont autour de nos vies, avide de les connaitre et d'apprendre à les connaitre. Mais, je ne dis pas qui je suis, je n'étalerais plus jamais le voile de mes pensées. Elles se formeront, à vous écouter, à vous suivre, à vous quitter. Exister pour les autres et bannir sa propre prison, c'est difficile de s'éteindre pour la lumière de vies inconnues. Mais c'est un plaisir incommensurable de vous découvrir, voulant vivre dans la joie de vos passions. J'ai ainsi tant de choses à apprendre sur la route, j'ai parlé avec cet homme, seul aujourd'hui, parce que sa promise avait rejoint l'abîme des rêves infinis, trop habituée à la vie à deux. Mais la mort nous apprend à vivre avant de nous détruire. Il y a des gens simples mais si riches de sentiments. Je passerai le temps de mon temps à revivre ces siècles d'histoire qui ont bercé nos routes truquées de hasard et de destinée. Pour l'inconnue bleue, j'ai sacrifié la beauté de vingt-huit mois d'amour-folie et de bonheur multiplié par deux pour le hasard de ce cruel choix, j'ai cassé les espoirs et les avenirs de ma magnifique compagne. Je n'en parlerai jamais, seulement dans mes livres fanés, où s'enterre ma réflexion usée par la honte de mes gestes. Pour ma liberté égoïste, je coupe les fils immortels de notre amour. Déjà, tu vis avec les autres et tu m'oublies. Ta souffrance va disparaître au fur et à mesure que grandira la mienne. Les sueurs de mon cœur s'évaporent dans une éternelle indifférence. L'amour n'a de sens que pour la vie, mais vivre n'a pas de sens. Demain sera déjà un souvenir et la page continuera à me sourire. Je me sens dans un ailleurs, moins seul et moins ignorant... Je me répète dans l'oubli de mon désir perpétuel, subtil et langoureux anathème. Je redécouvrirai les visages inventés dans mes "je meurs", dans mes "je t'aime". Les illusions et les visions traquent à chaque instant, à chaque siècle, les mémoires qui se cherchent et les regards qui se transpercent dans l'habitacle noir, dans une chaumière sans toit et sans mur. Les horizons se rencontrent et d'insolentes dérisions se dévoilent les mystères de nos passions bleues étoilées. Perpignan

Bonjour

Je te réveille, tu sors de ton rêve et tu regardes la machine s'exciter. Il est bientôt dix heures, je devrais être parti mais je suis dans cette chambre. L'odeur d'un café m'enchante, il est bon de se lever après la nuit. Aujourd'hui, je mets mon short... mais tu restes là ce week-end. Je suis en train de réfléchir, aurais-je adopté ta technique ? Casser les murs des principes du malheur, en vivant la seconde et puis l'heure, sans comprendre ce que veut dire "devenir". Peut-être comme toujours, présent à-venir. Il n'y a rien à programmer sur ce modeste passé, laisse courir les vents et les marées, croches et soupirs, la blanche et la ronde, au milieu d'une onde, et d'un souvenir. Je parle dans des mots trop chargés, des pensées conditionnées, généralisant ma frayeur dans le doux bonheur de l'inutile questionnement. Il est le paravent, le voile illusoire, la flamme noire dans ce feu d'amertume. Les anges s'embrument. Encore, encore ma tentative d'être dans un autre hémisphère, dans des mondes qui ne m'appartiennent pas. Je n'en ai pas le droit. Pourtant, pourtant je reste dans l'horizon d'un vaste univers où s'ouvrent toutes les portes de l'inconnu, tous les chemins des continents perdus. Aix-en-Provence : Le 23 juin 1985 (mon anniversaire)

Eveil

Encore une matinée dorée, dans la tristesse de mon rude sommeil. L’œil, s'ouvrant, a cassé mon éveil doré dans le matin glacé. Difficilement, il a retrouvé la vue, de sa conscience faible, égarée ce matin, comme chaque matin. Pupille concentrée sur un songe lointain, regard s'éternisant sur une pensée perdue. Peu à peu, les formes ont fuit les ombres, l'image mystérieuse de ce monde réel a recouvert les draps de mille chandelles. La forme dans la forme, et puis le nombre infiniment passé de cette scène répétée, pour un œil qui se détache de sa mort temporaire, oscillant entre l'oubli et l'illusion amère, de se retrouver vivant dans ces temps éveillés. Et le regard blanchi dans le regard blessant, dans un âge fragile d'où la nuit s'est enfuie, et l’œil continuant sa danse en recherchant les derniers instincts du quotidien banni. Encore une matinée dorée où se disjoignent le rêve et le réveil, l’œil mourant a détruit les merveilles dorées de mes histoires inventées. J'ai encore souvent détesté les destins fabriqués, qui attachent chaque être de ces temps à un lieu si petit, à une tâche si faible, à une vie si misérable alors que pourtant aujourd'hui les hommes sont capables de tant de belles choses impensables jusqu'alors, celles-ci étant réservées à ceux qui construisent ces prétendues destinées, eux qui ne les subiront jamais...

Image

Un petit bout de temps, devant une cathédrale gothique, scintillant dans un regard oblique, la nuit se lève au soleil couchant. Et les rayons de perles obscures, dans un étrange élan de souvenirs, autour des remparts de notre empire, éblouissent ces milles blessures. Pas un mot qui ne s'arrête, aux confins brumeux de l'autre miroir, comme l'aveugle qui essaie de voir, dans la pensée la nuit reflète. La nuit éclaire nos vertiges, les douces angoisses et les heureuses peurs,, avant que vieillissent toujours l'heure, de notre rencontre et de nos vestiges. A celui qui connait la note du mystère, aimant l'amour, les larmes et la lune, je vagabonde dans ces sables de dunes, te dédiant le cœur de ma colère. Puis une vibration étouffe le silence d'un présent musical, et le nœud des chagrins romantiques efface les tristesses sataniques. Un arbre pleure son automne passé, l'irréversible conscience accumule un passé illusoire, et se construit sur un futur moribond. Dans le spectre enchanté, la joie explose sans fin dans les cris innocents de l'enfant de demain. Je vois le blanc de ma consternation, effrayé de mes lignes assombries... écrivant le reste de l'image. Digne, le 9 avril 1985

Chants héroïques

Chants héroïques, les lamentations n'aboutissent qu'au suicide, et les hommes protègent le crime. Les coupables agissent sans crainte, et sans retenue, quand les autres se réfugient dans le silence. Gloire et sang ne sont qu'une même motivation, modestement sans nom, oubliant la haine et la tricherie, crache un à un les égarements insensés, donne à la vie le sens d'une beauté, l'émergence d'une musique, la dimension d'une toile dorée où chaque instrument de la création est le miroir de ta naissance, de notre enfance. Les mauvais instants sont si longs... Les amertumes cruelles et les souvenirs retournés, étrange sensation du présent comme un recul inouïe où la conscience du bonheur implique le malheur, frustrations luxueuses, je me permets de souffrir l'absurde... Aix-en-Provence, le 10 avril 1985

Dans tes yeux

Dans tes yeux d'aventure, des rires s'envolent vers le ciel, dans tes sourires d'aquarelles, la bise éternelle est si pure. Je voudrais caresser tes cheveux, et me perdre dans tes rêves, car tous les mots sont la sève, de mes lendemains radieux. Dans une chanson qui s'éteint, les brumes inquiètes ont disparu, j'imagine ton regard nu, dans une chanson sans refrain. Un soir, au café, elle venait de laisser cette chaise vide, pour un bref instant, et tes mots m'ont parlé au paradis des solitudes, nous étions bien. L'harmonica chante pour moi, son de lune qui ne veut pas se coucher. Assis devant les yeux curieux, qui es-tu dans ce temps ? Une larme de rêve évanouie et l'harmonica vibre toujours. La route est pour nous ouverte, mais le voyage n'a pas encore commencé, et le café va bientôt fermer. Les fleurs nous abandonnent, tu es jolie. Les gens sont bien étranges, ils ont l'air blasés de leur ennui. Mais l'harmonica ne les trouble pas, tout continuera à être comme avant. Nous voudrions voler dans les secrets d'une autre vie. Le bar est noir, j'ai aimé mourir avant ton réveil, comme un enfant qui s'endort dans nos bras, pour ton harmonica. C'est déjà dans ma mémoire, c'est déjà un souvenir, difficile de ne pas y penser. Il fallait retenir ce lieu et ce moment, il ne fallait pas partir, il faut toujours partir. Je le regrette un peu. La mélodie était folle d'espoir et de délivrance mais le quotidien efface la beauté. Je ne t'appellerai pas mais tu sais où est ma vie. Tu aurais peut-être pu lui offrir l'harmonica des soupirs, lamentations grotesques. Cela me réconforte de penser que ce cadeau l'aurait charmé. C'est dans ma tête. Mais il y a autre chose, un contact d'expressions et de sensations, des lettres qui attendent la confrontation. Il y a autre chose, elle n'est pas banale, elle a compris le son de la lune, elle a entendu ton harmonica et elle a vécu notre larme de rêve. Les autres sont ailleurs... Aix-en-Provence, le 27 février 1984

dimanche 14 avril 2019

Mon chemin

Adieu, sécurité des conforts bien payés. Adieu, tranquillité des quotidiens assurés. Il a fait le grand saut, c'est périlleux, mais il est heureux. Il ne vit pas comme un baron, installé, adulé, choyé ; mais il est libre dans sa passion, profitant de tout son temps. Ces précieuses vies que l'on nous vole, vie de mort. Il dispose déjà de son bonheur, ce n'est pas le plus aisé, c'est qu'il faut oser. La machine à vieillir ne l'étouffera pas encore, choix difficile, ingrate décision, ultime manipulation, seconde fatale. En une nuit de considération, tout a changé, l'engrenage finit par me meurtrir, ne vaut-il pas mieux errer dans ses croyances ? Providence burlesque, la folie est un désir de dérision, plus puissant que la seule raison, j'admire ton dessein. La musique de l'oubli est rose d'espoir et mes songes futurs me guideront en enfer. Les nuits sont grandes pour les esprits libérés et les mots se rencontrent dans des chansons de plaisir. Ma divagation vous fait rire, tu es seule, le désir est modeste, ton train de vie simple. Pourtant, une ambition sincère se cache dans le cœur de ses notes, les discussions se suivent où tu apprends leur vie. Tu découvriras ton voyage dans la connaissance de ton art et je suivrais fidèlement ton chemin. Aix-en-Provence, le 5 mars 1984

Une journée pour mourir

Cette solitude inconsciente que je ne connais qu'à ce moment précis de notre péripétie, car je somnole dans des déserts imaginaires alors que la raison et la réalité m'attendent au pied de mon foyer. Avant de me réveiller, je vais vivre une seconde d'éternité dans cette touche principale du clavier de mon âme. Oui, il y a une éternité qui meurt dans cette seconde. L'univers est dans ma tête, et Dieu dans mon voyage. Avant de me réveiller ce matin des douleurs, je dois comprendre le bonheur en dehors de mes hallucinations et derrière tous mes rêves, il y a le reste, à côté de ma mémoire, un contour qui m'englobe, un abîme qui se dessine, je dois me réveiller. Les rideaux de ma prison à l'instant se sont levés. La lumière des étoiles est dépassée par le scintillement bruyant du réveil de la ville, c'est drôle. A l'habitude, j'aurais déjà été debout à regarder l'horizon des néants lugubres, mais ces mots sont étranges, les bruits ont-ils leur signification ? Leur présence rapide est débordante d'inquiétude mais le malaise fera place à l'habitude, les pas langoureux de la matinale destruction m'invitent à rester dans mon cirque de pensées. Ce matin, j'ai l'usure de me lever. Pourtant, le soleil se dérobe dans toute sa magnificence. Dans sa chaleur prend son sens. Tous les désirs humains et inhumains, la vie est ainsi liée, l'aiguille qui compte a encore bougé mais je reste figé dans ma complainte intemporelle, je ne comprends pas, les adieux sont pourtant éternels. Je pense à tout puis je me demande si je pense car rien ne réagit alors que dans ma tête, mille et mille êtres se bousculent. Le matin m'était fidèle et la faiblesse de mes désirs me semble volontaire. Je ne sais pas, les yeux dans mon âme s'articulent, les oisillons du jour chanteront l'incessant retour des paradis artificiels et des mémoires opprimées. Ton regard, dans la lueur de l'aurore, à côté du chat des mystère, a brillé sur des mots qui recherchent encore les passions de ce jour torturé. Depuis longtemps que je me suis évanouis dans des songes inédits, où j'ai vu le sang jaillir des esprits immortels, depuis tout ce temps, je n'ai pas bougé, je ne peux pas, je crois. L'engrenage fatal ne s'est pas mis en route ce matin. Où sont passées les chaînes d'argent de ma vie de citoyen ? Qu'y a-t-il ? Il n'y a qu'une réponse, je suis mort... Aix-en-Provence, le 23 mars 1984

IMPRESSIONS

J'invoque les impressions, comme les douceurs de nos histoires anciennes, pour un bref éclair t'imaginer mienne, Aussi les étoiles ressurgissent par milliers dans le néant, un homme a toute une vie pour, seul, les compter tristement. Verdure, le chemin coule vers demain, un autre souvenir va venir, aux accents d'amertume du linceul éclatant, et le bruissement des pas incertains cristallise harmonieusement les naissances inquiètes des aurores fatales. Un frissonnant remord dure dans les âges enfouis au fond de l'avenir. Soudain arrive le présent dilemme. Je ne crois pas aux normes de ce chantage où la fille des fous de perd, hurlant son silence, mémoire décapitée, sans cesse orientée dans de troubles horizons, sans autre raison que la mort de nos rêves. L'autre illusion berce un doute arrogant où, larmes après larmes, le soupir bleu de ma peur imagine en visions diaboliques le début du néant. Mais le soleil continue sa brillance étoilée aux cadences de l'espoir des peuples. Passion, question, une seule raison domine les cultures. Tyrannique cheminement où la liberté s'invente, se détruisant par là-même. Si le calice enchanté des puissances, si la rose des pleurs en silence se cache derrière l'illusion de beauté, le monde en mille craintes découpé, étrange devenir, devient encore ce songe dévasté. Planète naïve, encore un chemin qui me délivre... Perpignan

CAUCHEMAR

Par ces plaintes et ces vallées, mon âme emportée... Chaque fois que le jour meurt au soir de ma solitude, ma conscience m'abandonne aux mains des insomnies, et mes pensées divaguent dans de mystiques folies, les cauchemars à mes nuits sont un rituel prélude. Pas un crépuscule où la sérénité s'empare de moi, je me ronge d'éternel doute qui mine mon espoir, les couleurs de mes rêves sont pareilles au noir, qui compresse ce silence mortel mon unique loi. J'attends le maudissant le lendemain de mon réveil, qui me délivrera sans doute de la prison des nuits, qui encercle cette chambre où sombre toute vie, et je meurs d'images cassées dans ce vain sommeil. Mais la trêve ne vient pas et je compte ces enfers, mon imagination barbare s'amuse de ma souffrance,inventant tant de visions sournoises dans sa démence, et le lit de mon esprit est une immense guerre. Où chaque bataille qui dure est un cruel sanglot, un vaste remord qui s'étend dans ces lieux de l'exil, enfermé dans mon âme comme prisonnier de mon île, qui resurgit aux heures nocturnes de mon trouble repos. Les belles heures de mes jours se transforment ainsi, avant l'aurore éclatante qui me sauve de ma peur, le cauchemar alors disparaît dans ces nouvelles heures, mais avant de revivre recommencera la nuit. Dans un environnement de murmures circulaires, et de bruissements multicolores, où l'instant d'hier dévore l'instant présent, que j'écoute. Perpignan

Inconscience

Attentif est le silence qui traverse ces paroles fragiles, entre la pensée furtive et l'angoisse permanente. Un balancement sourd dans une cadence magique, et c'est le cycle, la forme de ce qui n'a pas de forme, la pulsion fondamentale d'un regard obscur et lointain. La solitude est la vérité première de toute connaissance et la peur est le sentiment fondateur de toute espérance. Je vous dérange parce que je suis différent mais vous me dérangez parce que vous êtes tous pareils. Dans l'humble progression des cerveaux mécaniques, la goutte, larme de cœur, évapore la raison. Encore une conquête plus pressante qui fait reculer les frontières de ma disparition. Mais le néant reste l'aboutissement de tout. Et comme une illusion fatale, je renverse l'équation de l'universel contingent. Mais ce n'est qu'une seconde qui m'appartient, déjà éteinte et à peine ressentie. La mécanique céleste de l'oubli divin reprendra le dessus. Vainqueur de l'âme, la matière creuse l'idéal jugement pour le rendre transparent, futile et inerte. La moquerie investit mon entourage démoniaque, chacun étant le démon pour autrui. La solitude est l'élément de toute société et la liberté s'efface devant la domination des vestiges de structures envahissantes. Le mot fait le temps, la page se déroule en minutant mon rêve, cristal intense où se meurt un futur inscrit dans des lignes qui ne savent rien dire. Au-dessus des dernières zones de lumière, la vérité sombre du vivant qui passe. La pensée est une folle musique, autant aberrante qu'inquiétante. La conscience est un crime car la mort est son but, elle est un suicide car ce but reste un mensonge... Horizon cassé, le lointain est couché devant le destin qui s'arrête et s'interroge. Rétrospectivement, la nécessité providentielle semble tout et tout décider. Perpignan

samedi 13 avril 2019

Aux jours de nos pensées

J'offre aux jours de nos pensées la sérénité et l'amour sans faille qui s'engouffre aux entrailles des siècles en décadence, où je m'éveille à une époque évanescente, me trompant sûrement de planète, je vous retrouve et vous reconnais. Sous un paysage de désespoir acharné, où s'éveillent en chaque temps les pulsions, de trompeuses idées, de grandioses nausées, arrivent solennellement en brillantes fusions. Où se meurent les secrets ? Ces strophes impensables me rendent coupable d'une inspiration dénudée et quel style détrône ainsi l'imaginaire ? Quelle syntaxe diabolique pour quelle grammaire ? Funeste poème... J'aime les notes du devenir et les accords du passé qui délivrent mes soupirs en mélodieux regrets. En habitant les esprits solitaires, poursuivant sans repos cette course à l'envers, j'ai envie de contempler comme au sommet d'un rêve l'amour de mes amours, demoiselle enchantée, l'espérance d'une oeuvre à bâtir commence. Si grandeurs et métamorphoses nous permettent en toutes choses évolution et vie, je souris... Perpignan

Les lieux bénis

J'aimerai concevoir un état infini où issue et commencement se disputeraient, en ces lieux bénis, la même seconde. Où je meurs d'anéantissement, abruti de modernité envahissante, d'une durée sans but, de moyens sans fin, connaissance sans essence, accroché aux promesses matérielles, dans une confortable béatitude. Mais derrière les sens évidents se torturent les illusions et les gestes profonds, dans mille mains tendues postule la peur. L'événement se profile jusqu'à la minute dramatique où je puis dire que je suis vivant. Les âmes en faillite préparent le festin luxueux de notre proche déclinaison, aux oracles suspendus. Dès lors, les secondes s'emboîtent dans le soupir. Le frisson des sens interdits dans l'extravagance, les silences endormis et les principes éclairés ont tissé une brume de symboles. Mais le malheur est là, les bonnes consciences hésitent encore. Ma phrase se tourne dans une blanche ironie comme un accord mauve dans un triolet fugace. Les astres répondent aux trêves languissantes qui parsèment les destinées indifférentes. Perpignan

Je pense à toi

Aurore. Les matins abandonnés s'éveillent doucement, au grand large des plaines encore endormies. L'astre rouge fuit dans son habit béant, les caresses incestueuses de l'automne indécis. Dans la quiétude frissonnante des rosées matinales, je vagabonde seul par les sentiers ignorés. L'air y est doux mais mon instinct trop machinal, ne parvient pas cette sensation à adorer. La chaleur des naissances des premières lueurs, du jour des humains avant qu'ils ne se réveillent. Les sons et les odeurs comme venus d'ailleurs, descendent puissamment des cieux en sommeil. Cadence. J'ai déposé le secret de mon enfance, dans des mémoires enfumées, dans des souvenirs découpés, par les temps de ma démence. Dans mes mémoires enfumées, j'ai découvert des visions bleues, par les rires de mes yeux, dans des souvenirs découpés. Je pense à toi. Penser mes mots, pour panser mes maux... Perpignan

De l'histoire accomplie

Habitué dans la brume à attendre la lumière, je cours et je m'enfuis au foyer silencieux, sur les portes de l'amour, sur les murs de l'ennui, sur le fleuve allongé repose les langueurs, et devant le pinacle du sommeil, comme une invitation en peintures abstraites, elle sombre et respire la religieuse devanture. La gloire et le passé d'un geste dévorant, lorsque souvent le jour éblouit l'inutile, lyrique archaïsme aux fresques impensables, les paroles s'assemblaient dans un royale bruit. Le venin afflue dans les sables de la malaria, les marais stagnent au sommet du levant. Si les heures se suivent, les souvenirs s'entre-choquent aux coins des nostalgies. Le vent des esprits appelle les horizons. Dans le repos et dans les sommeils, le liquide récit des notes et des envolées sonneraient le moment de l'innocence. L'espace accueille aujourd'hui toutes choses, que clament nos avenirs, dans l'absurde et dans l'étonnement et l'on s'étonne encore, en approuvant les futiles choses et en fuyant les chocs futurs qui, avec arrogance, nous contredisent toujours. Comme est sanguinolent le fluide qui arrose le cœur, le fléau, le poison, le démon de l'erreur, le sentiment de culpabilité, de ne pas ressentir la perfection, l'idée même. Comme est cruelle la peur de perdre le temps, de le perdre à penser à cette peur. Cercle fatal où s'enfoncent mes sommeils, et les yeux se couchent sur le départ lointain. Mais la course engagée n'épargne aucune pause, sans aller dans l'histoire, je vais mourir au présent, et les traces et les masques de nos idées reposent dans l'oubli, en paix. Comme si progressivement une lumière cherchait à paraître ou à naître dans le but de me sauver en m'indiquant une voie, étroite assurément, mais enfouie dans des promesses agréables, dont les nobles scintillements traduisent les destins exemplaires. Comme ces images me hantent, et m'appellent à respecter les beautés naturelles et spontanées de cette femme que j'aime depuis tant de jours, et comme est difficile de mériter l'amour d'un esprit clairvoyant et d'un corps si doué. J'apprends chaque jour cependant à découvrir mes craintes, à comprendre ma raison, et m'étonnant de ma solitude pudique autant que de notre folle passion, j'aurai à mourir chaque fois que, seul avec une autre, j'aurai cru pouvoir te remplacer. Ces tirades cachées au creux de la faiblesse de l'être blessé par les mondes désabusés, dans la cruelle et sordide orgie des banalités mondaines, quand des êtres vivants jettent leur conscience dans un recoin banni de leur enfance oublié. Mes peurs surgissent encore quand je me vois envahis par des rites et des manies qui prennent au ventre le moindre des gens simples pour en faire une poupée mécanique, un sourd mécanisme aux pulsions endormies. Si les mots sont encore là pour défendre l'isolement qui étrangle celui qui, noyé dans la ville, ne se reconnait pas dans leurs soucis conformes, si mes mots me supportent, alors ils me transportent aussi auprès de tes regards. Perpignan

Voile

La brume est comme voile et douce promenade, tes formes floues et fragiles au regard ébloui, rythment au pas de ton souffle la longue sérénade, qui berce le silence des cieux évanouis. Mon pas m'emmène loin si loin que le passé, présent insignifiant des temps anachroniques, dans les yeux écartés et bleu mélancolique, déchirent nostalgique l'enfance désiré. Les soirs arrivent seuls, fatigués indolents, aux heures impromptues dérangent les cigales, et le jour attendant les matins du levant, se compte à l'infini du temps qui se décale. Battements et pulsions commandent le passage, des flèches sans retour, des passants sans escale, sur le compte anonyme d'un vaste carnaval, où déclament dans l'oubli le masque et le visage. Aux environs nocturnes baladent les collines, des horizons en brumes et matinées câlines, des promesses sordides peuplent les forêts denses, de messages incompris en paroles oubliées, lentement mon éveil un peu décoloré, raconte notre rêve dans un brouillard intense. Les soupirs envolés, les paupières en flemme, composent les étoiles d'une douce bohème, dans une trahison à peine ensevelie, par une nuit lointaine déjà hors de ma vie. Aux manèges des songes, les mondes enfantins, les horizons en larmes et matinées câlines, les horizons en larmes et mâtinées câlines. Perpignan Mis en musique par Lis Martagon alias Loulou

vendredi 12 avril 2019

Pensées fragiles

La pensée est si fragile au son des fébriles émotions, elle est comme perdue entre un chaos rationnel et une raison aliénée. Elle est comme hésitante entre un chemin juste et clairvoyant et une brume tumultueuse aux morales hasardeuses. La pensée est si fragile au son des rêves colorés, les désirs passionnés et les consciences éduquées se disputent la porte de la décision triomphante. Dans le souvenir intérieur et le futur exploré, scrutant ce soir les limites et les réalités, mon âme se confond dans une grise solitude. La pensée est si fragile au son des royaumes inventés où chaque être existe aux ordres de l'esprit, délivrant la sentence du droit à l'essentiel. Le Dieu reconnaissant ses édifices maudits où les hommes se cachent pour dérober les âmes au paradis innocent. J'ai eu tort de toucher aux secrets du présent. La pensée, si fragile au bruit des émotions, est comme perdue entre un chaos fatal et une raison bornée. Elle est comme hésitante entre un chemin juste et clairvoyant et un marais tumultueux aux morales incertaines. La pensée si fragile au son des rêves épiques bouscule les désirs et les consciences éduquées, se disputant la porte du triomphe rassurant dans les souvenirs intérieurs et les futurs explorés. Mon corps se confond dans une grise solitude et scrute en cette soirée la fragile pensée. Perpignan

Spirale

Caressant la flamme délicate, interdisent à nos yeux, d'oublier la vision, Madame, votre agilité, à nous déconcerter, dépasse les chagrins et appellent toutes nos fougues, car devant les incompris, et entre les ignorants demeurent chaque fois les plages silencieuses où l'art est interdit, et la pensée peureuse. Madame, expliquez notre transe, et la merveille démesure qui dans l'angoissante danse composent la brisure, demeurons fidèles dans les lieux de la source où pour elle et puis pour elle, j'ai vécu chaque larme de ma foudre et de ma cendre, demeurons dans nos vies, aux aubes du firmament, le meilleur alibi et le plus beau des amants. Et l'onde impossible fouette vos généreuses spirales, mes coupables pensées scrutent les lieux inconnus. La complainte solitaire accompagne mon élan infernal, dans ces visions barbares, dans ces sordides rues, l'étrange baladeur rencontre les coins vides. Perpignan

Les contemplations

Et contemple dans son rêve les violences avides, la nuit capture en moi les compassions blessées, dans ce ventre distendu, les tourmentes isolées, trouvent le refuge sombre des appétits maudits, que l'humanité dans sa gêne rejette en pudeur, sous les masques quotidiens, les haines en chaleur se dévoilent dans mon âme en un festin de vie, furieuses déchirures en mon sein éclaté. Mon sang devenu bleu se dilue dans les brumes, en dessinant malignes les mortelles nuées qui brouillent ma conscience dans une longue écume. Les formes délicates récitent un opéra dans des incantations silencieuses et chaque mouvement dans les fibres harmonieuses caressent dans l'insouciance mon regard béat. Mon souffle intérieur est ma force vitale qui nourrit ma passion dans mes craintes cachées et j'admire à jamais ces féminines destinées et ces cris de victoire célébrant vos spirales. Souriant aux myriades complices, ils évoquent avec force et éloquence, la grandeur des futiles apparences et leurs discours mêlent tant de malices, que leurs efforts pour comprendre les formes incongrues et éphémères du réel moqueur qui chante le mystère, nous contraint-il à apprendre la devise suivante que seule poésie, création pure et sereine de l'imaginaire, porte en elle comme un inventaire, les clés de la raison, les forces de l'esprit, aussi brillant soit-il, lorsque proclamant la vérité, alors qu'il découpe la réalité, s'emprisonnant dans une presqu'île, l'homme de raison s'effraie de ne plus rien prévoir, sait-il tout juste voir ce qui brille dans la clarté de l'inspiration des hommes libérés. Les courants trompeurs grandissent assurément et les mœurs cyniques s'imposent à chaque jour. Les hommes tranquilles proclament impunément leur force et leur sagesse non leur manque d'amour. Mais quelle est cette sagesse qui pour seule valeur provoque les détresses et, riant de la vie, s'occupe toujours plus de préparer le nid dans lequel les hommes multiplient le malheur. Perpignan

Déraison

A l'aube des sentinelles égarées, un à un les plaisirs envolés, depuis la haine des grands gardiens, l'usure blanche en son sein, comme une folie sensuelle, myriades d'étincelles, par les oublis sacrés où meurent nos sentiments, par l'idyllique fossé creusant le firmament, je jette un autre regard, déclenchant mille hasards, et dans l'ultime requête que j'adresse à l'indifférence, et dans le dernier pardon que j'implore en silence, une fenêtre violée, un rideau déchiré, le vide absolument grotesque d'un passé qui s'ignore, farandole burlesque irréversible dévore. L'homme est la cruelle frontière vivante et consciente, entre une souvenir qui le creuse et un espoir qu'il s'invente. Il connait l'amertume de penser, mais il en fait une puissance de rêves, dans le moindre repli de ses fuyantes années, il trouve un univers qui s'achève. J'invoque les douceurs de nos histoires anciennes, pour un bref éclair, t'imaginer mienne. Aussi les étoiles ressurgissent par milliers dans le néant. Un homme a toute une vie pour, seul, les compter tristement. Perpignan

Ma (Re)Quête

Baissant les bras, seul, sur le chemin des étoiles, il avait presque compris d'où venaient ses paroles. Mais l'essentielle interrogation est toujours dans sa tête. Les poussières sont mystérieuses pour cette molécule de passions. Dans le chaos du temps fatal, l'errance a dépassé le sens. Il n'existe aucun but et il nous est vital de l'inventer. La quête devient de plus en plus totale. Le premier hasard est difficile et la responsabilité du message est courageuse. Dieu est l'instant infini de l'espace éternel, et dans un recoin de cette inexistence, il y a des regards éblouis qui posent la question de la mort. Leur conscience n'est due qu'à cette finitude car la possibilité d'être jouit de celle de ne plus être. Et les regards émus du coeur souffrent de ce froid mécanisme de la nature grandiose. Alors les âmes vont pleurer dans les tombes fanées, dans les mémoires usées où beauté et désillusion s'étouffent dans leur passage. C'est ainsi qu'il baissa les bras. Une fois, la volonté s'est dissipée dans la brume épaisse de la peur. Chaque matin, l'éventuelle fin observe et l'usure reste imposante, mais le bonheur n'est pas un rôle d'angoisse. Souviens-toi du temps étrange où je n'étais pas né. Je n'avais crainte de rien, c'était comme un lien à l'inoublié qui me retenait. Je ne faisais pas souffrir ma mère, je n'avais pas le mal du temps. La quête a pourtant commencé. J'étais l'âme éphémère des instants inconscients. Mais dès le premier cri, les yeux cherchent et se déclenche le chronomètre. C'est tout de suite et déjà le début d'une fin alors que le délai n'est pas justifié, délai du temps imparfait. Le regard frappé par le jugement dernier, il pleure déjà. Pourtant, il est certain de ne rien savoir. La vision est si forte pour un esprit puéril mais son histoire n'est pas vaine. Il fallait assumer les lendemains inquiets des bonheurs flétris. Une fausse image. Il y a tant de fausses images. Une continuité trop réelle de mensonges qui nous assomment, imaginaire déchu, comme tout se répète. La réalité fabriquée est lourde de son ignorance alors que l'absence a frappé les nerfs du mépris. La quête n'est pas finie car tu n'oublieras rien. La présence principale de ton angoisse devient la source de ta chance. Comme responsable d'un soleil heureux dans ton ciel de fraîcheur, l'arbre de vie a des racines profondes. Mais le jour est proche où l'on regrettera les conforts opulents de nos vies barricadées. Mais le futur a toujours fait peur et le présent est tortueux. Un noeud coulant étranglera nos ambitions, insupportable défi des fatalistes. La minute meurt dans un souvenir écoulé qui m'invite à te rappeler, et tu me reviendras. La vie des hommes efface les heures, l'oubli enfouit l'immonde mémoire. Mais je ne voudrais pas perdre la caresse de tes mots et le souffle de ton désir, tu es si gentille. Innocence fragile des lendemains atrophiés. Un paradis va s'effondrer sous nos pas insolents, le gouffre est visible mais qui oserait reculer devant l'incertitude ? L'espace est grand, le vide arrogant mais ils s'étranglent dans leur cupidité. Je ne comprends pas leur désir de mort, désir de tuer. Mais la quête est ignorante. Repos d'une réflexion étrange. L'espace est immobile dans la pause du soir, les murs ont bercé mes mouvements et protégé ma solitude. Ils m'ont offert leur silence précieux pour écouter mes questions, et les fenêtres aveugles m'ont voilé l'horizon. Dans ma cage fragile où je cherche tant de sens, une image s'est figée dans ma tête, un jour. Connais-tu le rêve du penseur ? Il voit ses mots dans le ciel. Perpignan

jeudi 11 avril 2019

Choisir

Etre, paraître, vivre, survivre. Rien n'écrire serait encore la meilleure chose, pour oublier ce qui fait nos illusions et nos mensonges. Croire, mentir, abandonner, espérer, l'alternative n'en est pas une, le choix n'existe jamais, existence téléguidée, conscience programmée, d'où te vient ton nom ? Le chemin est déjà tout indiqué, liberté illusoire et les secondes s'effondrent avant de les anéantir. Il y a tout cela autour de moi, angoisse inutile et banale de la vie encadrée, conditionnée et je ne peux m'en passer. La vie est longue pour les âmes tristes, et trop courte malgré tout, mais la foule s'en moque, ils ont raison, la considération s'achète, consommant nos larmes de vie, on oublie l'essentiel, la vérité, dérision qui s'efface dans une autre conception, une vision personnelle et déchirée, chacun vit sa propre vérité mais aucune ne peut s'imposer car seule la foi en un sentiment sincère est véritable, le reste, préjugé arbitraire et injustifié. Mais l'espoir est douloureux car le jeu est faussé. Ma mémoire souffle en enfer, le feu dans mes souvenirs et les heures du passé sont le malheur de ma conscience, oublier d'exister ? Impossible de l'imaginer, l'enfant pleurant de voir enfin le soleil a réchauffé le cœur de sa mère, mais il souffrira de la voir vieillir. Elle déchirera son cœur de le voir grandir. La nature aussi belle soit-elle n'a pas de cœur ni de regrets, matières fertiles comme mes sentiments, éphémères pulsions d'une larme qui s'évade, nuit du soupir. Il ne faut rien dire car le secret va disparaître dans l'abîme de mon cœur. Il faudrait réécrire les livres des anciens, un mot simple dans un style naïf, essaies de me comprendre, toujours de me surprendre, la sagesse dans ta tête et la folie dans ton corps, c'est la force de ton esprit. L'enfant naîtra bientôt, l'infernale affabulation ne quitte pas mes angoisses mystiques. Décidément, il n'y a pas de solutions... Aix-en-Provence, le 7 avril 1981

La Tombe Ouverte

La tombe s'est encore ouverte, laissant s'évaporer les noires parfums, dans la sombre prairie de nos lendemains. La tombe s'est encore ouverte et les jours tressaillant devant les heures incomprises, incomprises, sans avenir, sans surprise. Les mélodies et les mille chants ont soufflé les gloires perdues. Le ciel enfermé, le sourire corrompu soulignent d'un tiraillement d'ailes les vertes cascades et les citadelles, dont les peuples anciens ont construit le donjon, et la muraille, et le bastion, dans ce cœur infernal. Aujourd'hui les ruines nous regardent sans passion, mais dans le relief un souvenir et dans ces magiques sentiers, mes mémoires enterrées. Pourrais-je un jour revenir au premier pas de ma randonnée ? Sans perdre dans l'allongement le désir de continuer à étendre mon regard sur les regards, sur les incertitudes et les hasards. Mais tu te courbes au vent de ma folie, puis tu me serres dans le profond de ton rêve, dans des entrailles divines, les traits de ta beauté infinie, le charme intérieur de ton voyage spontané qui s'écoule, qui s'écoule dans le sang de ma sève. Les enfants du passé, les enfants du pèlerinage ont écrit sur les murs de la forêt cassée "défense de mourir pour les cœurs éternels". Jamais le rouge mouvement de l'ingrate danse, infamie, les mots de nos faiblesses sans souci trahissent tous nos tourments. Dans les notes inlassables s'étirent ma joie sans laquelle le poids des questions et la grandeur de l'incompréhension auraient déjà brisé toute ma foi. Tes mains sont douces dans la douleur des oiseaux, dans l'odeur effacée se trémousse le scintillement épais et chaud, de tout ce qui se passe au fond de ma boîte à penser, m'échappant, me transportant doucement de ma vie à la tienne. J'ai envie de danser. Encore une nuit interminable avant que le désir meurt de sa solitude, avant que se referme la tombe du néant, dans la couleur, tu es fine et j'aime à regarder la vague de tes mouvements, dans les noirs parfums, avant que se referme enfin la tombe du ciel. Dans ton regard éternel... Aix-en-Provence, le 24 juillet 1984

Les chants égarés

Souvenez-vous des prophètes assassinés par les temps d'ignorance. Il est revenu, ressuscité, par les temps de notre inconscience où se dévoile une lumière catalysée dans le faisceau noir, où tous les feux s'accompagnent des vents infinis de la peur. La méchanceté machinale frissonne par les haineux quotidiens et le sourire ne peut librement grandir et s'épanouir. Souvenez-vous des fous ridicules que vous avez condamnés, perdus, déchirés et incompris. La brise est timide mais le ciel parle quand-même. Dans le soir, la chanson danse au souffle de la force. L'étoile est triste mais restera radieuse, pour l'éternité de cette pensée qui se dérobe de plaisir. Et, caressant mes mains, effleure le lointain poème. Souvenez-vous des solitudes amères que vous avez perpétuées, dans des murs barbelés et des dantesques prisons. Un instant se repose la muse du silence pieux. Une larme flamboyante mûrit dans le corps de nos cœurs, tournant dans le sens indéfini pour la découverte. Elle réchauffe les entrailles décoiffées. Une lune s'efface dans les cernes dorées. Je reviendrais conquérir tous ces corps inanimés et les forêts monstrueuses, et la tempête douce. Je me souviens mais j'ai oublié. Un chant égaré dans le cri des langueurs écoute le vent sonner. Les senteurs déclinant dans ces profondeurs dessinent une horloge cassée. J'attends mon départ et mon arrivée au port des cœurs inquiets, au quai des oubliés. Tu rêvais dans une transparence infidèle, dans le coin de tes passagères furies et dans le masque des mille illusions. Tu vivais dans une danse charnelle, inhibée de la nostalgie du futur désenchanté où j'ai pensé tous mes âges, où j'ai abandonné tous mes pas. Aujourd'hui, je retrouve des sourires illuminés dans des messages figés. Les siècles se retournent dans les têtes inconscientes, et les soleils s'effondrent encore devant les rêves aveugles. J'ai voulu absorber tous les charmes et ravir ces nocturnes constellations. Mais, elles resteront des paroles maudites. J'ai voulu apprivoiser ces images détruites, mais, s'échappant lentement, la joie absente nous donne l'air d'une tour d'argile qui s'écroule. Dans les rides sauvages, les crispations se mêlent aux traits des aurores passées. Les extases deviendront rares pour qui ne sait pas mourir. Les temps ont bricolé de sordides rôles. Le désir est grand de vivre comme un poème, s'éternisant dans des milliers de cœurs en quête des ambitions voilées dans ces chants égarés.

NE CONFIE PAS

Ne confie pas ton bonheur et tes espoirs dans les mains de l'autre, non pas qu'il faille redouter ou haïr le prochain. Tout au contraire, ton bonheur, tu le trouves en toi en apportant aux autres, disponible pour donner, mais n'attends rien des autres. Ne confie pas la clé de ton épanouissement à autrui, l'homme providentiel est en toi. Sois juste toi-même, quoiqu'en pensent ou disent les autres. Ne te fie pas à la rumeur, la rue meurt de ses rumeurs. Sois comme ces arbres centenaires, qui se courbent sans jamais se romprent...