lundi 14 septembre 2015

Petit recueil pour un enfant oublié (2)

La vie est peut-être elle-même une simple apparence, l'apparence du néant indomptable. Les temps sont oubliés dans l'insouciance des étoiles ou bien la vie est une overdose de vide, la fumée outrage la pureté de cette froide nature, l'horloge implacable de l'univers vivant, froide mécanique de la disparition fatale. Il y a tout lieu d'être optimiste car les hommes ne sont pas condamnés. Il existe en effet dans notre tête un espoir et le mot n'est pas vain. Espoir ou espérance, errance. Un jour renaîtra du grand noir de la haine des gens, et l'autre sera toujours le fruit des passions de nos craintes. Les phrases sont inutiles si elles ne sont pas le fruit de l'expérience, inlassablement répétée, dans toute leur puissance. Il ne suffit en rien de postuler l'amour entre la belle et la bête, il faut concrétiser sa poésie et vivre ses rimes du quotidien dans les actes du présent, et de demain. Vivre ne se réduit pas à un mot. Ce n'est pas non plus la nécessité finale d'une puissance inexplicable. C'est véritablement et totalement notre projet qui ne dépend de personne d'autres. La providence des rencontres inattendues m'a appris à toujours aimer toutes les parcelles étranges de mes rêves. L'ennui cède alors la place à la joie du créateur saltimbanque. On ne peut vieillir ainsi. Les vieillards redeviennent des enfants. Il faut les tenir par la main et leur parler fort pour les guider dans le monde ingrat qui les oublie, mais ils ne sont pas dupes. Un monde qui redevient nouveau dans leurs regards usés et désabusés. Pourtant, rien n'est jamais nouveau. L'histoire des hommes balbutient sans cesse dans une éternelle ronde comique. Etre adulte est sans doute une illusion ou un accident tragique. Nous naissons enfant pour retomber plus tard dans cet état de naïveté et de grâce innocente, belle et pure. La morosité des gens, qui se prennent tant au sérieux, m'ennuie à mourir. Ils sont déjà morts mais ne le savent même pas. Ils sont morts d'avoir perdu et renié cette jeunesse désirée, bercée par nos rêves d'enfants. L'infantilité des rêves et de l'amusement gratuit est pourtant le secret de l'éternel bonheur. Tout individu est prisonnier de son corps, de ses peurs de l'anéantir et de ses légitimes craintes de souffrir de solitude et d'incompréhension, tant que l'on attend des autres. Aussi, l'extase d'un bonheur réussi ne proviendra que de l'intérieur puissant et sans limites matérielles. Les apparences décalées engendrent le malaise et le mal-être de la frime futile et du néant, il faut s'élaborer dans la pensée active et dans les sensations intuitives, l'intelligence en accéléré. La sincérité, les passions amoureuses qui nous consument, et la foi sont la matière d'un esprit en voie de devenir heureux. La destination compte peu car c'est le chemin qui compte le plus. Car le monde est petit pour ceux qui sont grands. L'esprit serein donne à l'être qui en jouit la force enviée de se sentir épanoui et en paix, dans son corps et dans ses mots. C'est la clé de l'amitié et de l'amour vrai. Il est donc urgent d'apprendre à se forger un esprit heureux.

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