lundi 14 septembre 2015

Petit recueil pour un enfant oublié (I)

Je lirai et relirai les craintes de ma sincère lamentation, pour trouver dans mes phrases innocentes et dans les humbles moments de frénésie, le chemin qui délivrera ma mémoire de mes persécutions intérieures. Et je me servirai de mes cris aphones pour nourrir ma poésie. Il est poursuivi par une étrange respiration, derrière lui, quelqu'un vit en secret, sur ses pas et dans ses gestes. Pourtant, il pensait être seul, il le croyait vraiment. Même quand il n'y avait personne dans sa vie, dans ses murs, il ressentait la présence insistante. Qui êtes-vous ? pensait-il tout bas. L'inconnu ne m'a mis au monde que pour me mentir et participer à la vaste tromperie, inlassable illusion, inévitables désillusions. Mon nom est personne m'a-t-on dit hier, dans mon passé d'enfant perdu. Le miroir est parfait, mais il est derrière à me réfléchir, pour me surveiller. Je ne suis jamais tranquille. La conscience est une âme qui surveille mes élans de spontanéité. je suis deux hommes dans la même enveloppe corporelle. La feuille tombe dans la mare du destin, la poésie meurt dans les maudits alexandrins, et l'autre me scrute encore. Ne parle jamais pour le plaisir de dévoiler ton ignorance. Ce ne sont que des minutes perdues. Il faut les retenir pour mieux les vivre. Chaque mot ressemble à une évasion symbolique, un au-delà de l'esprit. Le verbe n'est pas contraint par les limites physiques. L'esprit est matière libre, matière immatérielle et sa liberté est mon expression. Il faut d'abord oser, dépasser l'humiliante timidité dans laquelle les autres nous enferment. Tu m'as trop angoissé, stupide béatitude, je ne suis qu'un simple humain humilié. Autrefois, les simples mourraient de honte devant les hommes pétris de certitudes, mais c'était seulement leur vérité. Ils se rassurent dans les mythes de leur incontournable domination. Les autres sont morts au combat, dans l'obéissance aveugle du sacrifice inutile. Le monde est recouvert du voile de leur folie. Autrefois, les fous se jetaient du haut de leur montagne de rêves. La notre s'écroule sous nos imposants progrès de notre société brisée. Ce n'est pas si grave car les humains ne le voient pas même si j'essaie de lui parler. Mon double doit écouter ma tête et mes pensées ont des oreilles. Le délire ne m'est pas exclusif et il partira avec moi. Les yeux sont fatigués et ma joie sera grande de les voir se fermer sur la nuit intérieure. mais ils ne se fermeront pas. Il en a décidé ainsi. Tu peux faire attention à ce que tu lis, quand tu lis, mais tu peux aussi l'oublier. Les souvenirs sont inutiles comme la souffrance du vécu qui revient. Tu restes la matière de mes sensations pensées et je ne veux jamais les perdre. Pourtant, la mémoire vieillit aussi. Le sort se fixe dans ses lignes et je peux le provoquer. L'interminable lecture m'apprendra à sentir la bonheur de mes passions. La foi est la force des Dieux. Le mot est petit mais l'image est infinie. En parcourant lentement chaque moment de la phrase, j'ai découvert l'âme qui se meurt dans cette enveloppe fatiguée par les questions insolubles et les problèmes sans solution. Chaque mot est le reflet qui m'apprend à me regarder et me comprendre, et peut-être à me trouver dans ce voyage confus d'une vivante errance. Je dois, par le poème, conquérir chacune de ces lignes figées dans mon coeur car le coeur est l'esprit des poètes. Ecrire, lire puis écrire encore pour découvrir ces étranges respirations. Il faut pourtant admettre que l'ignorance profonde est notre unique science. Absurdités répétées, je voudrais avoir la certitude de ton regard mais les apparences demeurent toujours faciles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire