mardi 15 septembre 2015

PETIT RECUEIL POUR UN ENFANT OUBLIE (3)

Je me demande encore s'il peut exister un esprit sain et heureux, puis j'apprends à aimer et à connaitre les gens, après avoir connu l'isolement et l'enfermement. Ouvres toi aux autres et tu te connaîtras toi-même car ils sont ton reflet. Je découvre des génies et des penseurs, des méchants et des gêneurs, des amis et des personnalités inaccessibles, des enfants et des philosophes. Il y a les âmes fortes qui ont défié l'ennui, le quotidien et la grise tristesse des vies sans but et sans musique, grâce à leur sagesse qui s'accomplit dans leur épanouissement. Ils sont mon modèle. Quand l'esprit est heureux, la vie devient un jeu, une partition et un poème, mais un jeu qui reste prisonnier d'un dramatique suspense, un jeu de désir et d'oubli. La maison des lendemains oubliés, enfance figée, reste ouverte au regard aventurier, curieux d'angoisses et de la volonté d'être toujours ailleurs et nulle part. Un homme ne peut tout savoir ou tout voir, tout connaitre de ce qui lui est extérieur. Son existence intérieure lui échappe aussi en grande partie dans des rêves imprévisibles. La connaissance intuitive de son infiniment intime, son être interne, lui donnera la force de mieux percevoir son environnement, ses amis et toute la vie qui fourmille autour de lui. Il ne connaîtra pas tout mais il connaîtra mieux et aura encore plus envie de découvrir. Comme chaque seconde qui agonise dans le silence d'une vie microscopique sans couleur, l'ennui viendra à disparaître. Il faut d'abord le croire pour le vivre. Je me dois donc, si je prétends oser devenir un esprit heureux, d'apprendre, dès cette seconde suspendue, ressentir au plus profond de mes sensations, l'humilité d'une âme vierge qui ne demande qu'à s'éclairer de la lumière de la vérité. Cette humilité, si elle est vécu avec la foi en soi, et non dans la frime artificielle de la fuite de soi, est la source inépuisable d'une riche sincérité qui m'apportera amis et amour. Dans tous les domaines qui animent mes passions et que j'essaie de conquérir et de mériter, cette sincérité chaleureuse doit accompagner mes découvertes dans le travail et la recherche. C'est ce qui m'apporte matière à penser et à composer, donc à ressentir et vivre, pour enfin créer. Si je vis vraiment cette philosophie, telle que me l'a enseigné mon maître dans le passé, alors je me passerai du jugement hypocrite et lâche des autres, de leurs regards coincés et aveugles, des langues fourchues de ceux qui n'ont rien d'autres à faire qu'à juger et condamner, car ils ne comprennent pas que c'est uniquement l'amour qui me motive dans toutes mes démarches. Le clown est libre et malheureux alors qu'il fait rire les autres, dans son cirque virtuel. Le monde est un cirque et je joue avec leurs visages sérieux dans leur situation d'enfants agonisants. Pour ma part, je resterai l'enfant de la joie et du rire léger, des passions débridées dans mon délire vivant. Cela ne signifie pas que rien de sérieux je ne comprends. Les choses les plus complexes ne seront jamais comprises par les esprits étroits et fermés, bloqués dans des principes de vie figée et des préjugés qui neutralisent la compréhension profonde de notre monde mouvant. Comme un fin ruisselet, l'esprit est souple et fragile, c'est sa véritable force, la force du vide qui comprend tout. Le carcan des habitudes de ceux qui se prennent trop au sérieux est le signe d'une fin inéluctable. Le poète est libre d'avoir tort ou raison, car il n'existe pas de modèle unique dans sa création, pas de référence ultime si ce n'est son inspiration divine. L'imagination est libre de ne rien respecter car les normes sont bannies dans le monde des solitudes et du rêve. Ce n'est pas aussi facile que vous le croyez. Les gens préfèrent être spectateur de leur vie qu'acteur de leur liberté. L'intelligence n'est pas seulement votre logique raison, c'est surtout la sensation diffuse et intuitive des pensées perdues. Prends un crayon et, seul, installes-toi devant la feuille vierge. Tu vois, tu n'as rien à lui dire, tu ne sais quoi écrire ou dessiner et tu trouves cela stupide et insensé. C'est que ton vide te déconcerte, notre ignorance est sans limite, il faut simplement apprendre à la maîtriser. Je reste devant ma feuille muette et j'attends la rare connexion. L'éternel est inquiétant et je ne sais toujours que dire face au vide sauf que mon esprit apprendra un jour à être heureux.

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