jeudi 29 novembre 2012

Dans ton doux souvenir : tragiques illusions...

Je suis étrangement vidé, amèrement étouffé
Par ces mortes années
L'air d'ici m'étrangle doucement par les douloureux regrets
Ton image pathétique torturant mes doux souvenirs
Tes gestes mélodieux agresseront toujours mon âme éteinte
Se répandant dans ma complainte
Je t'ai laissé m'oublier
Mais jamais t'oublier je ne pourrai
Un chant d'ivresse sur ma solitude repose
Et personne ne comprend ce mortel mouvement
Les songes se pétrifient aux caresses de ta mémoire
Tristement, je fuis vers les funestes ostensoirs
Un firmament dans tes yeux
Et les spasmes de ton ventre
Ont moulé si longtemps la joie
De mes temps adorés
Et des rides de bonheur
Ont laissé place aux brumes du malheur
J'ai perdu ta lueur
Je suis aujourd'hui un cadavre mélancolique
Animé seulement par l'espoir de te redécouvrir
Ta conquête est céleste mais je ne suis que poussières
Plongées dans les machoires de l'enfer
Tu es mon vivant soleil

Mais je m'ouvre aux silences de ton lointain soupir
Pour entendre les flots désespérés d'un violon qui respire
La mort dans la tête et le vide dans le coeur
Une rayonnante musique traverse les pores de mes illusions
Je pleure une note sacrée dans l'angoisse divine de ta beauté
La brise amoureuse me transporte dans une tempête fanatique
Et dans mes souvenirs brisés avec toi je meurs d'aimer

L'infernal tambour de la consciente raison
S'écroule sans cesse devant mes fatidiques utopies
M'empêchant de croire en la créatrice imagination
M'interdisant les contrées mystérieuses de nos tendres folies
Il bat les rythmes saccadés de ma foi trahie qui se meurt
Et les jours se dévorent dans l'inlassable lassitude
La grisaille règne puissamment sur mes lendemains condamnés
Je voyage pourtant si loin aux souffles chaleureux
De ta bouche enchantée d'où s'échappent méticuleusement
Le verbe magnifique de ton élégance mystique
Dans l'adoration totale de ton être et de ton existence
Je construis chaque seconde les prisons de l'indifférence
Qui me rejettent sans cesse sur les rives de l'oubli
Mais la croyance aura raison du quotidien
J'exploserai un jour dans le miracle harmonieux
De nos rencontres éternelles qui, rattachant nos deux mains,
M'inviteront à jamais dans les paradis de nos amoureuses destinées

Le 6 décembre 1984

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