vendredi 29 mai 2015

DANS CES CHANTS EGARES

Souvenez-vous des prophètes assassinés par les temps d'ignorance. Il est revenu, ressuscité, par les temps de notre inconscience où se dévoile une lumière catalysée dans le faisceau noir, où tous les feux s'accompagnent des vents infinis de la peur. La méchanceté machinale frissonne par les haineux quotidiens et le sourire ne peut librement grandir et s'épanouir. Souvenez-vous des fous ridicules que vous avez condamnés, perdus, déchirés et incompris. La brise est timide mais le ciel parle quand-même. Dans le soir, la chanson danse au souffle de la force. L'étoile est triste mais restera radieuse, pour l'éternité de cette pensée qui se dérobe de plaisir. Et, caressant mes mains, effleure le lointain poème. Souvenez-vous des solitudes amères que vous avez perpétuées, dans des murs barbelés et des dantesques prisons. Un instant se repose la muse du silence pieux. Une larme flamboyante mûrit dans le corps de nos coeurs, tournant dans le sens indéfini pour la découverte. Elle réchauffe les entrailles décoiffées. Une lune s'efface dans les cernes dorées. Je reviendrais conquérir tous ces corps inanimés et les forêts monstrueuses, et la tempête douce. Je me souviens mais j'ai oublié. Un chant égaré dans le cri des langueurs écoute le vent sonner. Les senteurs déclinant dans ces profondeurs dessinent une horloge cassée. J'attends mon départ et mon arrivée au port des coeurs inquiets, au quai des oubliés. Tu rêvais dans une transparence infidèle, dans le coin de tes passagères furies et dans le masque des mille illusions. Tu vivais dans une danse charnelle, inhibée de la nostalgie du futur désenchanté où j'ai pensé tous mes âges, où j'ai abandonné tous mes pas. Aujourd'hui, je retrouve des sourires illuminés dans des messages figés. Les siècles se retournent dans les têtes inconscientes, et les soleils s'effondrent encore devant les rêves aveugles. J'ai voulu absorber tous les charmes et ravir ces nocturnes constellations. Mais, elles resteront des paroles maudites. J'ai voulu apprivoiser ces images détruites, mais, s'échappant lentement, la joie absente nous donne l'air d'une tour d'argile qui s'écroule. Dans les rides sauvages, les crispations se mêlent aux traits des aurores passées. Les extases deviendront rares pour qui ne sait pas mourir. Les temps ont bricolé de sordides rôles. Le désir est grand de vivre comme un poème, s'éternisant dans des milliers de coeurs en quête des ambitions voilées dans ces chants égarés. Aix-en-Provence, le 18 juillet 1984

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire