mercredi 20 mai 2015

UNE JOURNEE POUR MOURIR

Cette solitude inconsciente que je ne connais qu'à ce moment précis de notre péripétie, car je somnole dans des déserts imaginaires alors que la raison et la réalité m'attendent au pied de mon foyer. Avant de me réveiller, je vais vivre une seconde d'éternité dans cette touche principale du clavier de mon âme. Oui, il y a une éternité qui meurt dans cette seconde. L'univers est dans ma tête, et Dieu dans mon voyage. Avant de me réveiller ce matin des douleurs, je dois comprendre le bonheur en dehors de mes hallucinations et derrière tous mes rêves, il y a le reste, à côté de ma mémoire, un contour qui m'englobe, un abîme qui se dessine, je dois me réveiller. Les rideaux de ma prison à l'instant se sont levés. La lumière des étoiles est dépassée par le scintillement bruyant du réveil de la ville, c'est drôle. A l'habitude, j'aurais déjà été debout à regarder l'horizon des néants lugubres, mais ces mots sont étranges, les bruits ont-ils leur signification ? Leur présence rapide est débordante d'inquiétude mais le malaise fera place à l'habitude, les pas langoureux de la matinale destruction m'invitent à rester dans mon cirque de pensées. Ce matin, j'ai l'usure de me lever. Pourtant, le soleil se dérobe dans toute sa magnificence. Dans sa chaleur prend son sens. Tous les désirs humains et inhumains, la vie est ainsi liée, l'aiguille qui compte a encore bougé mais je reste figé dans ma complainte intemporelle, je ne comprends pas, les adieux sont pourtant éternels. Je pense à tout puis je me demande si je pense car rien ne réagit alors que dans ma tête, mille et mille êtres se bousculent. Le matin m'était fidèle et la faiblesse de mes désirs me semble volontaire. Je ne sais pas, les yeux dans mon âme s'articulent, les oisillons du jour chanteront l'incessant retour des paradis artificiels et des mémoires opprimées. Mon regard, dans la lueur de l'aurore, a brillé sur des mots qui recherchent encore les passions de ce jour torturé. Depuis longtemps que je me suis évanouis dans des songes inédits, où j'ai vu le sang jaillir des esprits immortels, depuis tout ce temps, je n'ai pas bougé, je ne peux pas, je crois. L'engrenage fatal ne s'est pas mis en route ce matin. Où sont passées les chaînes d'argent de ma vie de citoyen ? Qu'y a-t-il ? Il n'y a qu'une réponse, je suis mort... Aix-en-Provence, le 23 mars 1984

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