jeudi 9 mai 2019

Création

Tu ne connais pas la mort, mais tu as vu ta naissance, D'un Dieu de l'éternel, tu n'es donc point l'essence, Ton immortalité n'est pas éternité, Ainsi, tu es demi-Dieu car dans ton commencement, Tu as un jour dans l'aube des temps surgit du néant, Dieu qui jamais ne finira, n'a jamais commencé, Dans son existence sans durée, Il est, Une larme de pureté dans les convulsions cruelles, De l'inerte matière, de ce froid univers, Ont surgit des pleurs de l'inconscience éternelle, Pour donner à l'existence l'intelligence de son calvaire, Création sublime de l'ignorance des choses physiques, Des molécules fatales est née la pensée en liberté, Du destin de la nature, de la providence des instincts, Le vide a engendré l'angoisse, la peur, l'humain, De l'éternel équilibre est né un temps, une durée, L'automatique mécanisme des lois a engendré la vie historique, De la nature est sorti l'homme mais nature il n'est plus, Il est le lieu d'un vertige dans la rencontre fatidique, D'un temps passé dans le souvenir et d'un temps imprévu, Où le présent sans jamais se fixer comme une ligne mélodique, Ne peut qu'exister que si durée s'écoule, futur devenant passé, Toujours en équilibre, l'homme est ainsi consumé, Alors que les générations changent, la question demeure, Alors que les siècles évoluent, il reste la même peur, Dans les arts d'hier et dans les arts de demain, Peintres et poètes, acteurs et musiciens, Dans leur quête incessante du changement et de la différence, Répéterons toujours l'évidente illusion et l'éternelle apparence, Les notes tristes et belles des poésies droguées, Les couleurs suaves et chaudes de nos musiques sacrées, Et les mots majeurs du chant des comédies, Fixent à jamais notre éphémère vie, Cette immortalité de l'art est elle aussi condamnée, Par l'insolente ivresse de nos fatalités, Il n'y a que le néant qui puisse se passer du temps, L'art est histoire, et l'histoire mène à la fin sûrement. Aix-en-Provence - Le 27 décembre 1984

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