mercredi 17 avril 2019

A lire, et à oublier

Messieurs, j'ai aujourd'hui décidé, mais qu'ai-je décidé ? On ne m'a rien demandé, qu'est-ce qu'on ne m'a rien demandé ? Qui a posé une question ? Qui m'a réclamé de l'aide ? Je ne suis pas sûr de savoir si l'on a besoin que je dise quelque chose. Que dirais-je bien ? Je ne sais pas parler. Et si un son s'échappe de là-dedans, il tombera seul. Contre le vide de tous ces regards sourds. Et puis, de toute façon, je n'ai peut-être pas envie de leur parler, aux sourds. Ils n'ont sûrement pas besoin de m'entendre. La rue des destins est trop grande, la place n'entend rien pour qui s'y perd. Mais je ne me suis pas perdu, Où pourrais-je me perdre ? Il y a, qui sait, une porte qui s'ouvre. Et derrière, il y a des gens pour me guider, pour me parler, pour m'écouter. Ou personne... Pour m'ouvrir la porte, elle est fermée !! Mais, je ne les connais pas ces gens. Et ils ne m'ont jamais vu, ils ne m'entendront pas, le mur est clos. Comment faire pour attraper leur cœur ? Je pense qu'ils n'existent que dans ma tête. Tout est dans ma tête, mais il n'y a rien dans ma tête. Tête, tête, pourquoi je parle toujours de ma tête ? C'est le vent. Il tourne, il tombe, et elle craque, lentement dans son usure. Voyez-vous, je me surprends à ne rien dire. Que dis-je ? C'est déjà beaucoup, parler que de ne rien dire. Et puis, je l'ouvrirais un jour cette porte, même si elle n'existe pas. Je l'inventerai avec le néant de ma mémoire. Je la construirai pour la détruire, tout se bâtit pour s'effondrer. Je dois me bâtir, pourquoi dois-je faire cela ? Et pourquoi cette question ? On ne m'a rien demandé, cela n'est pas important. Oui, j'ai aujourd'hui décidé, mais... Aix-en-Provence, Le 16 février 1984

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