samedi 13 avril 2019

De l'histoire accomplie

Habitué dans la brume à attendre la lumière, je cours et je m'enfuis au foyer silencieux, sur les portes de l'amour, sur les murs de l'ennui, sur le fleuve allongé repose les langueurs, et devant le pinacle du sommeil, comme une invitation en peintures abstraites, elle sombre et respire la religieuse devanture. La gloire et le passé d'un geste dévorant, lorsque souvent le jour éblouit l'inutile, lyrique archaïsme aux fresques impensables, les paroles s'assemblaient dans un royale bruit. Le venin afflue dans les sables de la malaria, les marais stagnent au sommet du levant. Si les heures se suivent, les souvenirs s'entre-choquent aux coins des nostalgies. Le vent des esprits appelle les horizons. Dans le repos et dans les sommeils, le liquide récit des notes et des envolées sonneraient le moment de l'innocence. L'espace accueille aujourd'hui toutes choses, que clament nos avenirs, dans l'absurde et dans l'étonnement et l'on s'étonne encore, en approuvant les futiles choses et en fuyant les chocs futurs qui, avec arrogance, nous contredisent toujours. Comme est sanguinolent le fluide qui arrose le cœur, le fléau, le poison, le démon de l'erreur, le sentiment de culpabilité, de ne pas ressentir la perfection, l'idée même. Comme est cruelle la peur de perdre le temps, de le perdre à penser à cette peur. Cercle fatal où s'enfoncent mes sommeils, et les yeux se couchent sur le départ lointain. Mais la course engagée n'épargne aucune pause, sans aller dans l'histoire, je vais mourir au présent, et les traces et les masques de nos idées reposent dans l'oubli, en paix. Comme si progressivement une lumière cherchait à paraître ou à naître dans le but de me sauver en m'indiquant une voie, étroite assurément, mais enfouie dans des promesses agréables, dont les nobles scintillements traduisent les destins exemplaires. Comme ces images me hantent, et m'appellent à respecter les beautés naturelles et spontanées de cette femme que j'aime depuis tant de jours, et comme est difficile de mériter l'amour d'un esprit clairvoyant et d'un corps si doué. J'apprends chaque jour cependant à découvrir mes craintes, à comprendre ma raison, et m'étonnant de ma solitude pudique autant que de notre folle passion, j'aurai à mourir chaque fois que, seul avec une autre, j'aurai cru pouvoir te remplacer. Ces tirades cachées au creux de la faiblesse de l'être blessé par les mondes désabusés, dans la cruelle et sordide orgie des banalités mondaines, quand des êtres vivants jettent leur conscience dans un recoin banni de leur enfance oublié. Mes peurs surgissent encore quand je me vois envahis par des rites et des manies qui prennent au ventre le moindre des gens simples pour en faire une poupée mécanique, un sourd mécanisme aux pulsions endormies. Si les mots sont encore là pour défendre l'isolement qui étrangle celui qui, noyé dans la ville, ne se reconnait pas dans leurs soucis conformes, si mes mots me supportent, alors ils me transportent aussi auprès de tes regards. Perpignan

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